Notre nom : Voyageur
J’ai
lu un livre récemment, que j’avais d’abord choisi pour son
titre : « Éloge
des vagabondes » de G. Clément
Il
parle de ces plantes qui viennent d’ici ou de là, qui
s’installent, enrichissent nos paysages, prennent racine, et
deviennent nôtres.
Et
de nous, êtres humains, qu’en est-il ?
Notre
nom à tous et à toutes est "Voyageur", dans cette vie de
la naissance à la mort, ou, comme le disent les textes, dans une
ronde incessante, la ronde du samsara, " d'utérus en
utérus"...
Voyageurs,
nous avons prospéré, nous avons marché sur la terre, petits
groupes errants, se rencontrant, se côtoyant, échangeant, apprenant
des autres, emmenant les nouvelles techniques, les nouvelles pensées,
les nouveaux faires...
Puis
nous nous sommes installés, et nous les avons regardés d'un oeil
méfiants, eux, les errants, les nomades, les sans-feux et sans-lois.
Nous croyons que nous sommes arrêtés aujourd'hui dans nos villes de pierre, et voilà, d'autres, hommes et femmes, qui arrivent, effrayés, persécutés, poussés, par la guerre, par d'autres hommes, par le sec, par la misère, attirés par nos lumières, nos richesses, notre paix:
nos maisons douillettes, le calme du soir, le pain doré, les champs en fleurs, les rencontres simples et les sourires.
« On
ne peut rien contre le vent... »
Le
vent des bombes et le vent de la peur, le vent qui porte les cris et
les pleurs, le vent qui les chasse alors même qu'ils voudraient
rester chez eux, et juste vivre...
Voyageurs, avec un petit sac de misère, des enfants transis, la fatigue d'une vie, le désespoir des abandons, la peur de ces lieux inconnus, des ces langues ignorés, de ces barrières, de ces barbelés, de cette mer impitoyable, de ces uniformes, de ces armes - oui ici aussi, des armes, des cris, de la violence -
Voyageurs,
dans la boue et dans la pluie, au-delà des larmes et de la fatigue,
partis animés d'une étincelle d'espoir qui s'est éteinte au fil
des jours et des nuits, au fil des regards qui se détournent, du
secours qui ne vient pas, des refus, des contrôles, de la nuit du
coeur.
Nous
avons oublié que nous aussi sommes des voyageurs, que nés ici,
installés ici, nous avons aussi à laisser de la place, une place, à
ceux qui arrivent, qui apportent de nouveaux regards, de nouveaux
savoirs, de nouvelles paroles.
Et nous aussi, voyageurs,
ne perdons pas la coutume : la main qui se tend, le verre d’eau
qui désaltère, le toit qui protège, le
sourire qui accueille...
Lulena
Eloge des vagabondes:
Renouée du japon, rhubarbe du Tibet , grande berce du Caucase, pavot de Californie.
Portées par le vent, par les animaux ou sous la semelle de nos souliers, les plantes vagabondes ont conquis, avec témérité et vitalité, nos jardins, nos talus, nos friches.
Elle n'ont pas bonne presse, on les appelle mauvaises herbes...
Gilles Clément
Illustrations :
danslamaisondefrancoise, auffargis, bulledemanou, jardinage.lemonde, vielajoie, naturosympathie, tanzamay
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