mercredi 30 octobre 2019

Même en plein jour!



Même en plein jour!
Se peut-il que le temple
soit plein de sorcières...? 

 



Veille de Toussaint
On rassemble les bougies -
Les citrouilles tremblent.



 Lulena et la Demeure sans Limites...

Photos Toen Ni

dimanche 27 octobre 2019

Ces vieux Chinois

Hymnus ad patrem sinensis



Je remercie ces vieux Chinois
qui m'ont laissé quelques mots
souvent une plaisanterie ou une question bête, 



Une ligne de poésie griffonnée dans une marge
un dessin en quelques traits - insecte, feuille -
caricature d'un Maître; 
ce papier qui ne tient plus que par l'encre qui le couvre
et leur propre force dans les traces du pinceau.




Leur monde et quelques autres
depuis volatilisés, et ils le savaient
chantant pendant que cela s'engloutissait autour -
clamsant au milieu du fichu printemps - fleurs de cerisier
et jarres de vin - 
heureux de nous avoir tous sauvés.

Philip Whalem



 Illustrations: 
inkdancechinesepaintings.com chinese-zen-buddhism-paintings
Chinadaily
Tricycle


dimanche 20 octobre 2019

Tête, main, pieds

Tête mains pieds

mes pieds…
sur le sol? mais où le sol,
je n’en suis pas toujours sûre
comment je sais
si c’est le sol
ou le plafond
quand ma tête
ma tête ? en l’air bien sûr,
têtenlair têtenlair
attention attention
regarde où tu mets les pieds,
tes pieds, où?
tiens-toi tranquille
donne -moi ta main
les deux mains
attention
tu vas tomber
si tu veux marcher sur les mains
ou bien tomber sur la tête
ça va pas ma tête
si, remets-la sur ses pieds
avec tes mains, voyons
mais qu’elle est bête
bête comme ses pieds
c’est toi qu’es bête
avec ta tête
tête à rien
tu veux ma main…?
pose tes mains sur tes pieds
et relève la tête
tu vois
une tête
des mains des pieds
pose tout maintenant
ne mets pas tes mains
sous mes pieds
attention attention
tu me casses les pieds
ne te casse pas la tête
donne ta main





Lulena











lundi 14 octobre 2019

L'art est un chemin...


Sur Jane Hirschfield :

"Définissant la poésie comme « la clarification et l’amplification de l’être », 


elle écrit:


« Ici, comme ailleurs dans la vie, l’attention ne fait 

qu’approfondir ce sur quoi elle se porte. ». 



"L’immersion dans l’art lui-même peut être le point 

d’entrée… Pourtant, il est vrai, la véritable 

concentration apparaît – paradoxalement – au 

moment où on fait moins d’efforts.






 À ce moment-là, il peut y avoir une forte émotion – 

un sentiment de joie, ou même de chagrin – mais 

comme souvent, dans une profonde concentration, le 

moi disparaît. 

Nous semblons être totalement sur l’objet de notre 

attention, ou bien nous disparaissons dans l’attention 

elle-même.  





Et pour autant que l’on puisse croire que le « réel » 

est subjectif et construit, nous pouvons sentir que 

l’art est un chemin, non seulement pour la beauté, 

mais aussi pour la vérité : 


si la « vérité » est un récit choisi, alors de nouvelles 

histoires, de nouvelles esthétiques sont aussi de 

nouvelles vérités."







Proposé par Nathalie C.




lundi 7 octobre 2019

Le cri du monde



Il y a cette voix du monde qui pleure à travers nous, il y a ces cris sans cris qui résonnent en nous. Nous les connaissons car nous les avons reçu en partage à notre naissance, mais pourtant ils ne disparaîtront pas à notre mort. 

C'est la voix du monde, c'est le cri de notre commune humanité. Parfois cette voix s'élève dans notre chant, tinte dans notre rire. 



Car même dans le chant, même dans le rire, nous entendons la voix de tous ceux qui souffrent, et leurs cris sans cris résonnent dans notre chant, dans notre rire. Le monde de la souffrance humaine est infini: seul ce cri me permet de résonner à toutes les douleurs, même celles qui me sont inconnues. C'est la racine de toute souffrance, c'est la possibilité du partage, c'est le lieu de la rencontre.


  

    C'est cette voix sans voix qui souffre avec le deuil de l'autre, qui me fait lui tendre la main, le prendre dans mes bras pour qu'il puisse pleurer – et c'est ce cri silencieux qui laisse passer la joie devant le retour de celui qu'on n'attendait plus, la guérison de celle
qu'on ne pensait pas revoir.


    Il me traverse, me construisant en me mêlant aux autres, me grandissant en me remplissant d'eux. Il m'emplit lorsqu'il y a assez de silence en moi pour faire place. Assez de silence en moi pour la présence de l'autre, le regard de l'autre, la compréhension complète, totale et sans parole de l'autre. 

Lorsque je n'ai pas peur, des profondeurs de ce monde humain, des profondeurs de mon être – que je sois heureuse ou malheureuse- ce cri m'accompagne, rappel de tous ceux qui façonnent ma vie, lui donnent son élan et ses possibles, ses chagrins et ses jours de soleil. Rappel de tous les êtres, absolument tous, à qui je suis reliée à chaque instant.



    Je ne veux pas toujours l'entendre: je cherche parfois à recouvrir le silence - et il existe tant de moyens pour cela! - à fermer la porte et me boucher les oreilles; mais je ne fais que me blesser dans les barbelés de la douleur refusée.




Mais lorsque j'accepte ces pleurs du monde dans ma vie, comprenant qu'ils sont aussi une partie de ma propre vie, je sais que ma douleur est partagée comme je sais que ma joie rejaillit sur le monde entier.

 
    Dans le panthéon bouddhique, on trouve ce «saint», Kanzéon, Celui qui se penche vers les cris du monde. Il est là pour aider, pour accompagner, pour secourir. Il n'est pas à l'extérieur du monde: il est chacun d'entre nous, et il est nous tous. 
     Il n'existe pas en dehors de nous – pas même les jours où nous ne pouvons même pas imaginer qu'il reste une parcelle de bonté et d'amour en nous! Parce que nous portons ces cris du monde, cette voix sans voix dans notre coeur; parce que c'est elle qui nous meut, qui nous permet de prendre soin de chaque jour, c'est elle l'étincelle de vie qui fait de nous des êtres d'amour et de don – elle qui nous permet justement de donner vie à notre tour.
 
    Écoutez! Dans la paix du coeur, dans chaque respiration, nous l'entendons, ce cri du monde.



Lulena




La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...