"La gratitude peut transformer votre
routine en jours de fête ! "
William Arthur Ward
Photo Marylise et Ange
Je voudrais apprendre à reconnaître les couleurs,
celle du soir au couchant,
celles des herbes du printemps,
et dire la nuance exacte de l’automne, le bleuté de la neige,
la nuance d'un sourire, l'éclat d'un silence, ...
Je voudrais faire pousser une fleur qui ne flétrirait pas,
et épier une rivière quand elle fredonne juste pour le chevreuil ou la loutre.
Je voudrais remettre le monde en place,
et danser parmi les étoiles, emportée dans le tourbillon des naines rouges et des géantes bleues...
Je voudrais apprendre à attendre sans impatience,
à recevoir sans avidité,
à aimer sans vouloir.
Je voudrais apprendre
à être simple
et à aimer
sans peur.
Lulena
Photos: CB, Françoise
« Moi, m’explique-t-elle, je me dis que je suis nulle…que je me trompe tout le temps… ». Elle prend machinalement la tasse de thé que je viens de lui servir, mais reste absorbée par ses pensées. « Je me critique chaque fois que je fais quelque chose… » soupire-t-elle, et sa main tremble un peu, de chagrin, de lassitude.
Autour de nous le monde va son petit chemin de printemps, parfaitement satisfait de lui-même semble -t-il. Le ciel joue avec des petites volutes de nuages, attentif à ne pas gâcher son bleu, un bleu doux et soyeux qui annonce des journées à venir tranquilles et sereines. Au bord du bassin, les mésanges nonnettes sautillent, s’aspergent un peu et sautillent encore pour mieux vérifier tout autour d’elles que l’ennemi héréditaire n’est pas en vue…
Au-dessus de nous, le vieux cerisier au tronc noueux a encore une fois réussi à faire apparaître de parfaites, de minuscules feuilles d’un vert éclatant, aux nervures aussi légères qu’un souffle…Comment fait-il ?
Regardez, nous dit- elle, je suis vivante ! Vivante ! Et pleine de force, et je vais conquérir le monde ! »
Mais cette femme en face de moi n’a pas d’yeux pour cette beauté qui nous entoure ; elle est enfermée en elle-même. Ce matin, elle a longuement travaillé dans le potager, éclaircissant les petits radis avec tendresse, replantant les salades à venir avec soin, les mains dans la terre, attentive à chaque feuille, les arrosant tout doucement ensuite avec beaucoup de délicatesse.
Depuis son arrivée, elle a pris soin aussi de la grande table des repas, qui n’avait pas été cirée depuis la fin de l’hiver et de la réserve du jardin, gants et outils, qui n’avait pas été rangée depuis…on ne sait plus, l’été dernier sans doute. Elle fait tout cela avec calme et habileté, et avec une immense générosité. Mais sa générosité si évidente pour les plantes et les choses s’arrête à elle-même : là, il n’y a plus que jugement et censure. Elle si douce avec le monde n’est plus que reproche quand elle se regarde.
Comment lui montrer qu’il n’y a pas de différence entre prendre soin du monde et prendre soin de soi ? Que la gentillesse que nous portons à ce qui nous entoure n’a pas, ne peut pas avoir de frontière mais qu’elle doit nous nourrir aussi. Que se l’interdire à soi-même revient à empêcher le soleil de venir illuminer une pièce où nous nous trouvons. Que la douceur dont nous faisons preuve pour tout ce qui naît, ce qui grandit peut aussi s’appliquer à nous-mêmes, et que la refuser revient à boire une eau salée là où coule une source fraîche…
Que l’amour, enfin, pour les êtres, les proches bien sûr, mais aussi les lointains, les inconnus, les êtres en devenir et les êtres en souvenir emplit le monde et que nous ne pouvons, nous ne devons pas nous en soustraire.
Plutôt que nous couper du monde, acceptons- le complètement, et acceptons-nous aussi. Nous sommes le monde, et le monde est nous : prenons soin du monde et de nous avec la même patience et la même douceur - et entrons dans la lumière.
" Un été en méditation" éd. Cerf
Photos: Liliane, Françoise.
où l'abeille va-t-elle
avec sa charge de miel
à travers la fenêtre ouverte de l'espace
douceur de cet univers
être, infini sans être seul
qui attire les ours en
murmurant, à travers la nuit
et les étoiles
des lumières pour les poissons
qui remontent
Chaque feuille est humide
et le renard se hâte vers sa destination
petits mondes de pluie
sur un brin d'herbe
secoué par une araignée qui se remet au travail
( Et toute la difficulté de l'apprendre
l'étrangeté de l'autre, ses revirements)
c'était bien, c'était comme ce devait être, nous vivions
à deux miles de la ville, assez isolés, pas de
voiture
nous n'avons eu le courant qu'en 1953 et l'avons eu uniquement
parce que ma mère avait eu la présence d'esprit de donner
une tasse de thé à l'ingénieur
bon, dit-il, nous pouvons bien pousser un peu plus haut sur la
colline tant qu'on y est
Geoffrey Squires Pierres Noyées Editions Unes
Photos Lulena, Anne
« Une seule chose me fait souffrir : devoir profiter seule de tant de beauté. Je voudrais crier par-dessus le mur : je vous en prie, faites attention à ce jour somptueux !
N'oubliez pas, même si vous êtes occupés, même si vous traversez la cour à la hâte, absorbés par vos tâches urgentes, n'oubliez pas de lever un instant la tête et de jeter un oeil à ces immenses nuages argentés, au paisible océan bleu dans lequel ils nagent.
Faites attention à cet air plein de la respiration passionnée des dernières fleurs de tilleul, à l'éclat et la splendeur de cette journée, parce que ce jour ne reviendra jamais, jamais !
Il vous est donné comme une rose ouverte posée à vos pieds, qui attend que vous la preniez, et la pressiez contre vos lèvres. »
Rosa Luxembourg
http://www.imagespensees.org/memoires/article/lettres-de-prison-rosa-luxemburg
Rosa, la vie. editions de l'Atelier.
Lorsque nous pratiquons la méditation, nous apprenons que la véritable plénitude nous vient à travers la prise de conscience que nous sommes profondément reliés à tous les êtres. Nous réalisons alors que c’est cela, le chemin vers la libération.
Le véritable moi n’est pas l’être humain seul, limité qui court après les objets du désir. Mais il réside dans l’intersubjectivité, si bien que le soi-bouddha est le nuage- bouddha, ciel- bouddha, étoiles- bouddha, et ainsi pour le soleil et la lune, tout et partout puisque comme le dit M° Dogen « la grande Voie des Bouddhas pénètre partout ».
Mark Unno.
Photos: Lulena, Marcelo
Impermanence et changement... pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...