dimanche 29 avril 2018

Que voulez-vous devenir?







Joko Beck dit un jour pendant une retraite: 

Nous sommes ici pour être repeints un petit peu. La voiture de notre vie est gris foncé, nous voudrions la changer pour un modèle lavande, ou rose. Mais la transformation signifie que la voiture peut aussi bien disparaître.  

Peut être qu’au lieu d’une voiture, nous deviendrons une tortue. Mais nous ne voulons même pas entendre parler d’une telle possibilité ! Nous espérons que l’enseignant va nous dire quelque chose qui va arranger notre modèle actuel. 

Il y a plein de thérapies pour améliorer notre modèle, elles bricolent ici, rafistolent là, et nous nous pourrions même nous sentir beaucoup mieux. Pourtant ce n’est pas encore une transformation. La transformation va naître d’une volonté qui se développe lentement au fil de ce que la vie nous demande.
 
La plupart d’entre nous ( y compris souvent moi) sommes comme des enfants : nous voulons que quelque chose ou quelqu’un nous donne ce qu’un petit enfant veut de ses parents. 

Nous voulons que nous soient donnés la paix, et de l’attention ; nous voulons être réconfortés et compris. Si notre vie ne nous donne pas ça, nous pensons : «  Quelques années de pratique Zen vont régler cela. » Non, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas sur cela que porte la pratique. 

La pratique c’est nous ouvrir afin que ce petit « je » qui veut, et veut, et veut, et veut – en fait que le monde entier soit ses parents – grandisse.









mercredi 25 avril 2018

Printemps des magnolias

Premier matin de printemps.
je n'ai pas envie 

de me lever tôt. 

Yumiko Katayama






Printemps limpide
j'entends les nuages
naître dans le ciel

       
                Reiko Akezumi



Le premier matin du printemps: 
je me sens
quelqu'un d'autre
 Bassho

Jour de printemps
j'ai touché l'âme de l'arbre
millénaire
 Setsuko Nozawa

Printemps aussi:

Les camélias tombés
croient encore être de monde
et s'épanouissent

Nanako Washitani

Bourgeons de magnolia
aussi nombreux, mes amis
sont décédés

Mariko Koga 


Haijins japonaises Anthologie ed. Points 
Zen poèmes éd. Vega
Photos Lulena 


mercredi 18 avril 2018

Le Chant du Dragon

Un moine demanda un jour à Touzi le grand maître de la région Shu : «  Y a-t-il un dragon qui chante dans l'arbre desséché? »
Touzi répondit : «  Je dirais qu'il y a un lion qui rugit dans un crâne ».
 



L'arbre desséché dont parlent les Ancêtres dans la Voie est la compréhension d'un océan asséché. L'océan asséché est l'arbre desséché. 
L'arbre desséché rencontre le printemps. 

L'immobilité de l'arbre est son dessèchement. Les arbres des montagnes, les arbres des océans et les arbres du ciel exactement maintenant sont des arbres desséchés. 

C'est un dragon qui chante dans l'arbre desséché qui fait pousser les bourgeons. 


Ceux qui comprennent cela, ceux qui l'étreignent  une centaine de fois, un millier de fois, des myriades de fois sont des descendants de l'arbre  desséché. 



 

La forme, l'essence, le corps et la puissance de ce dessèchement sont un pieu desséché dont parle un Ancêtre dans la Voie.



C'est au-delà d'un pieu  desséché. Il y a les arbres des vallées de montagnes, et les arbres des champs-des-villages. 



Dans le monde ordinaire, on appelle les arbres des vallées de montagnes les cyprès et les pins. 

Dans le monde ordinaire, on appelle les arbres des champs-des-villages des humains et des devas. 



Ceux qui dépendent des racines et étendent leurs feuilles sont appelés des ancêtres des des bouddhas. Ils retournent tous à l'essence. Ceci doit être étudié. 



Ceci est le grand corps du dharma d'un arbre desséché et le court corps du dharma d'un arbre desséché.
 







Sans un arbre desséché, il n'y aurait pas de dragon qui chante. 

Sans un arbre desséché, le chant du dragon ne serait pas écrasé. 

« J'ai souvent rencontré le printemps, mais l'esprit ne change pas. » ( une ligne écrite par Damei Fachang) : 

c'est le dragon chantant avec un dessèchement complet. 


Présenté à l'assemblée ( des moines) au pied du pic Yamashi, 25ème jour du 12ème mois, de la première année de l’Ère Kangen ( 1243).
 
M°Dogen Shobogenzo 

Traduction et photos: Lulena

Le rugissement du dragon parle d'un son qui ressemble au bruit du vent soufflant dans un bosquet d'arbres dénudés. Parfois, le méditant va l'entendre pendant zazen, lorsqu'il aura rejeté corps et esprit, càd abandonné avidité, colère et illusion, qui créent l'attachement aux cinq skandhas.

L'arbre desséché dont parle M°Dogen est une image habituelle au bouddhisme pour une personne qui a atteint un niveau profond de méditation, une personne dont les passions ont pratiquement disparu. Cet état ne se confond pas avec un état d'apaisement, d'extase, qui n'est qu'une phase qui peut se produire dans une pratique spirituelle.

On peut traduire le titre de cet écrit par " Le Chant du dragon" puisque cette expression renvoie à une activité du Dharma si forte qu'elle met en route la Roue de la Loi.
C. Bielefeld- introduction au chapitre " Ryugin" du Shobogenzo. Trad. Lulena  


dimanche 15 avril 2018

Juste pour le plaisir...






Générosité, éphémère, grâce...

remplissent le cœur ...

La journée s'en illumine. 


Photo:Liliane

mercredi 11 avril 2018

Viendra le temps...







Viendra le temps où les nations sur la marelle de l'univers seront aussi étroitement dépendantes les unes des autres que les organes d'un même corps, solidaires en son économie.
 






Le cerveau, plein à craquer de machines, pourra-t-il encore garantir l'existence du mince ruisselet de rêve et d'évasion ? 





L'homme, d'un pas de somnambule, marche vers les mines meurtrières, conduit par le chant des inventeurs... 
https://www.babelio.com/livres/Char-Fureur-et-Mystere/2272

proposé par patrick75 

vendredi 6 avril 2018

La bain du bébé Bouddha- la douche quotidienne...


8 avril, Hanah Matsuri: Fête des fleurs, fête du bébé Bouddha... 

Puisque rien n'existe
pourquoi êtes-vous en train de vous laver?






Dans chaque temple, au Japon, on trouve un petit pavillon décoré et fleuri, recouvert d'une statue du bébé Bouddha pointant un doigt vers le ciel et un doigt vers la terre. Cette statue est arrosée par les participants de thé sucré- Amacha- à base de fleurs de chrysanthèmes.

Le thé sucré est un élément essentiel de la fête des fleurs. Selon la légende, deux dragons rois firent pleuvoir une pluie sucrée chaude et fraîche depuis le paradis pour baigner le bébé Bouddha.




Quelques siècles plus tard, le recueil de koans Recueil de la Falaise Verte, nous proposait:
" Seize bodhisattavs vont au bain...Puisqu'ils ne nettoyèrent pas la saleté, et qu'ils ne lavèrent pas leurs corps, dites-moi donc, que lavèrent-ils...?
Si vous pouvez comprendre, alors, en paix à l'intérieur, vous réalisez l'absence de quoi que ce soit existant."




 Quelques siècles passent encore, et une nonne chinoise, Zhitong, nous demande:

"Puisque rien n'existe
pourquoi êtes-vous en train de vous laver?

S'il y a même un seul grain de poussière
d'où provient-il?

Si vous pouvez répondre par une seule phrase profonde
alors tout le monde pourra entrer et se laver.

Les plus anciens des patriarches sacrés 
viendront vous frotter le dos

Quand un bodhisattva a-t-il pu illuminer l'esprit d'une autre personne?

Si vous voulez réaliser la terre au-delà de l'impureté
vous devez faire transpirer
jusqu'au dernier pore de votre corps

On dit que l'eau peut effacer l'impureté en la lavant
Mais comment savez-vous que l'eau n'est pas sale?

Même si vous effacez la distinction
entre eau et saleté
quand vous entrez ici
vous devez être sûr
de vous laver!"

Alors...? Là, devant votre douche, qu'est-ce que vous faites?



La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...