mercredi 19 février 2020

Eh ! vous, demandez le chemin...




Demandez le chemin...


Vous les crétins qui demandez ce qu'est bouddha.

Interrogez plutôt sur ce qu'est chaque être vivant.


Interrogez sur chaque chose vivante.


Quand vous avez faim
 
interrogez sur la nourriture.


Interrogez la lumière de la lune sur le chemin.


Trouvez un port où les citronniers sont en fleurs
 
- où les citronniers sont en fleurs.


Interrogez sur les endroits pour boire dans ce port.


Demandez et demandez jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à demander.


Ko Un




vendredi 7 février 2020

Apaiser la soif...?


Le cœur apaisé

Il est encore tôt, et le petit matin est frisquet, mais déjà cette journée s'annonce claire et lumineuse. Partie pour traverser la cour à toute allure afin de rassembler tout ce qu'il faut pour un grand nettoyage, j'hésite : pourquoi courir ? Ces premiers chuchotements du printemps, ces matins suspendus entre givre et soleil, ce moment où toute la nature frémit d'impatience après un long hiver.




Je regarde autour de moi : les neiges tardives ont retardé les floraisons, mais les taches rouges et jaunes des tulipes égaient encore les murs de pierre ; les petites pensées, qui ne craignent ni le froid ni la neige, sont éparpillées dans tout le jardin, et le forsythia éclate . Plus loin, le prunus, au bord du chemin, enveloppe d'un voile rose les troncs des vieux cerisiers. Déjà les prés reverdissent, et bientôt ils se couvriront de fleurs. Je reste là, assise, tranquille, absorbant la beauté et le calme qui m'entourent.

Lorsque j'étais jeune, je voulais que ma vie soit pleine – pleine d'émotions, de sensations, de voyages, d'expériences... Je regardais avec horreur les vieilles personnes – de l'âge de mes parents ! – et il me semblait que leurs vies étaient ternes, ennuyeuses et mornes. 

Et je me jurais, que jamais, jamais, je ne vivrai comme eux. Je voulais que chaque jour apporte une aventure, de l'espoir, un changement, ou même du chagrin, mais quelque chose. Je frissonnai à la chanson de Jacques Brel avec sa pendule dans le salon; je détestais tout ce qui ressemblait à une habitude. Il me semblait qu'il n'y avait pas d'autre choix dans la vie qu'entre ces deux chemins

 
Et puis, je suis entrée dans un monastère au Japon : horaires stricts, journées identiques et longues heures de méditation. Et il me semble que le premier mot que j'y ai appris- avec réticence, d'abord, et difficultés- est : apaisement. 

Un calme qui apaise la soif : soif de mouvement, soif d'objets, soif d'amour, soif de se sentir exister, soifs...L'apaisement est comme une eau fraîche qui traverse notre corps et notre cœur. J'y ai appris que calme n'est pas synonyme d'ennui, mais de joie profonde; qu'il y a un autre espace pour nos jours que je n'avais jamais imaginé ; une autre façon de vivre, qui n'était ni dans l'agitation ni dans l'inertie. 

 

Mais d'abord cela fait peur : nous avons l'impression que si nous arrêtons de nous agiter, d'essayer d'attraper tout ce qui nous fait envie, si nous essayons de nous poser, nous allons devenir aveugles et sourds, insensibles, perdant ainsi toutes les joies de la vie. 

Et nous aimons cette soif insatiable qui est en même temps aiguillon et souffrance. Nous cherchons à l'extérieur ce qui ne peut que venir de l'intérieur. Nous voulons cette « sérénité » dont on nous parle, mais sans rien perdre de nos émotions ! Nous voulons la paix, mais avec quand même un bon peu de mouvements et de bruits autour! En fait, nous voulons ceci, et encore cela, et tout que nous voyons par-dessus le marché...



Un cœur apaisé ne craint plus le silence car il bat au rythme de l'univers ; dans ce silence nous pouvons tout entendre : le bruissement du vent, le craquements des pierres, les battements de notre cœur, les joies et les peines de ceux qui nous entourent ; un cœur clair nous permet de voir la beauté du monde et des êtres, la lumière de chaque visage ; un cœur pur nous fait vivre dans la limpidité de chaque matin.




Le soleil emplit la cour à présent et fait scintiller de minuscules gouttes de rosée sur les fleurs du prunier ; une araignée tire un fil transparent entre deux bourgeons ; tout ébouriffé, un oiseau s'éloigne du nid.

 La cloche sonne ; le son en est tout doré.
La journée sera longue et belle.

La Vie les Essentiels. Lulena
























La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...