mercredi 28 février 2018

Je voudrais apprendre...


Je voudrais apprendre à reconnaître les couleurs,
 

celle du soir au couchant,
 

celles des herbes du printemps,
 

et dire la nuance exacte de l’automne, 

le bleuté de la neige,
 

 le brillant d'un sourire, l'éclat d'un silence ...

 

Je voudrais faire pousser une fleur qui ne flétrirait pas,
 

et épier une rivière quand elle fredonne juste pour le chevreuil 

ou la loutre.

 

Je voudrais remettre le monde en place,
 

et danser parmi les étoiles, emportée dans le tourbillon des 

naines rouges et des géantes bleues...

 

Je voudrais apprendre à attendre sans impatience,
 

à recevoir sans avidité,
 

à aimer sans vouloir.

 

Je voudrais apprendre
 

à être simple
 

et à aimer
 

sans peur. 









Photos: Lulena, Françoise

mercredi 21 février 2018

Prendre une douche est un art


Two Poems from the Abbey 



C’est une danse: l’espace entre mes pas alors que je marche lentement vers la salle des cérémonies
Talon-pointe, talon-pointe, gratouillis de la moquette rouge ( c’est peut-être un peu romantique)
Une goutte de pluie trouve mon épaule, frappant comme un silex frappe un coeur tendre. Un temps pour la pause? Abandonner. Un point frais sur ma joue, une goutte de pluie.
La pratique de l’attente. Chaque matin à 5h45, je fais la queue devant le zendo, les mains au chaud, attendant déjà ma respiration, comme si je cherchais sérieusement des lucioles : une, deux, trois.
Au petit-déjeuner, le voyage entre le bout de mes doigts et la peau nacrée, collante de l’oeuf dur.
La méditation: une laisse autour du cou d’un éléphant sauvage, furieux. Remarquer les espaces, nous rappellent les monastiques. Ils disent souvent cela, comme une mélodie jouée par plusieurs instruments.
Les espaces dans les pensées. Avec la pratique, ils s’agrandiront et se produiront plus souvent.
La pensée ralentit. L’esprit est une flaque d’eau aux pierres couleur arc-en-ciel.
Remarquez les espaces, mais laissez-les partir, continuez: l’esprit met ses affaires au mont-de-piété, sans fin.
II.
Illumination: faire pleinement l’expérience de la texture de la vie. Une gorgée de thé, chaud, la langue éblouie. Une douleur sous l’omoplate.
Le grattement du toast sous la lame du couteau. L’os du poignet pousse sous la peau comme une petite planète.
Regardez et attendez à la fenêtre avant le premier gong la pluie qui strie les carreaux en ce matin gris-noir. S’éveiller de sa confusion.
Une nuit, je me savonne le bras, je remarque que je ne suis pas vraiment en train de me laver. L'eau coule, chaude, mais je la sens à peine. Est-ce que prendre une douche est une compétence – un art- qu'on peut développer ? Je me demande.
Mes années de douche sans m'en rendre compte. Est-ce que la chorégraphie des douches changera quand je me raserai la tête ? L'attention va commencer à me harceler.
J'essaie de passer sur ma peau la serviette éponge comme si je pelais un œuf dur, comme je suivrais mes pieds quand je marche, comme lorsque ma respiration dérape.
Enlightenment: to experience the texture of life fully. Sip of tea, hot, dazzles the tongue. The band of ache under a shoulder blade.
Rasp of toast along the knife blade. Wrist bone pushes beneath the skin like a small planet.
Watch and wait by the window before the first gong, rain streaking the glass on
a gray-black morning. To wake from the daze.
One night, I run soap over my arm, notice that I’m not actually cleaning. Water runs, hot, but I barely feel it. Is showering a skill I can become better at? I wonder.
My years of unconscious showers. Will the choreography of a shower change when I shave my head? Mindfulness will begin to dog you.
I try to run the washcloth over my skin like I peel my egg, like I follow my feet, like I sense my breath slipping.


Miranda Arocha Smith
 

mardi 13 février 2018

O Monks....





My years are now full ripe, the life span left is short. Departing, I go hence from you, relying on myself alone. Be earnest, then, O bhikkhus, be mindful and of virtue pure! With firm resolve, guard your own mind! Who so untiringly pursues the Dhamma and the Discipline shall go beyond the round of births and make an end of suffering. 

"Therefore, Ananda, be islands unto yourselves, refuges unto yourselves, seeking no external refuge; with the Dhamma as your island, the Dhamma as your refuge, seeking no other refuge.

"Behold, O monks, this is my last advice to you. All component things in the world are changeable. They are not lasting. Work hard to gain your own salvation."

"What causes life, unbounded or confined — his process of becoming — this the Sage Renounces. With inward calm and joy he breaks, as though a coat of mail, his own life's cause." 


And the Blessed One addressed the bhikkhus, saying: "Behold now, bhikkhus, I exhort you: All compounded things are subject to vanish. Strive with earnestness!

This was the last word of the Tathagata.





Photos: Anne, Yvon 



http://www.buddhanet.net/e-learning/buddhism/lifebuddha/2_31lbud.htm 

http://www.accesstoinsight.org/tipitaka/dn/dn.16.1-6.vaji.html

vendredi 9 février 2018

Vivre vraiment...


Vivre vraiment:
pratiquer l'identification avec tous les êtres des millions de fois.




Quand le soleil se couche, qu'il fait sombre, est-ce que vous ne vous sentez pas parfois seul? 

Un auteur japonais bien connu, Eiji Yoshikawa, disait, qu'après cinquante ans, quand il se sentait seul, il avait l'habitude de prendre son poignet et de toucher son pouls. Est-ce que vous avez un pouls? Est-ce qu'il existe quelqu'un qui n'en ait pas?

Quand vous trouvez votre pouls, vous sentez ce son, et  alors :« Il y a trente ans ce son était déjà là; et il y a quarante ans. Il y a quarante ans, j'avais auprès de moi mes parents, mes frères et soeurs, mes amis... » 

Yoshikawa se rappelait ce genre de choses, les plats que sa mère lui préparait, les balades avec ses frères. De cette façon, il comprenait qu'il n'était pas seul. A travers le battement de son pouls, il se rappelait à nouveau qu'il était relié à de nombreuses personnes. 

 «En remontant dans le temps, il y eut un moment où ma mère me tenait dans ses bras et changeait mes couches. Un temps où elle me donnait son lait. » Allant encore plus loin, il y avait un temps où il était dans le ventre de sa mère, et encore plus loin, où sa mère était dans le ventre de sa propre mère, et la mère de sa mère, etc...Il y eut tant de personnes, d'allaitement, de couches... nous sommes tous dans cette continuité.




    

Cela nous apprend que nous sommes connectés à la vie à travers de si nombreuses personnes, et de si nombreuses choses, dans cette vie même. Je pense que c'est important que nous choisissions de reconnaître toutes ses vies auxquelles nous sommes reliés avec affection, familiarité et reconnaissance. 



«  Causalité » est l'enseignement du Bouddha qui dit que tout est relié et existe en tant que support pour autre chose. Et en même temps, tout change sans cesse; c'est impermanence.
 




Un ami à moi, en vérifiant son pouls, disait « Le son de ce pouls est comme le son d'un avion emportant ma propre vie. » 




Combien d'années pensez-vous que vous avez encore à vivre? Est-ce que l'avez prévu? Ma vie peut se terminer demain, ou bien je peux vivre encore trente ans. Mais dans tous les cas, sa durée en est limitée, et donc le nombre de battements de mon pouls est aussi limité. Ce pouls limité bat en ce moment pour moi.
     



A chaque pulsation, il me rappelle que le nombre de pulsations décroît. 


Ainsi chaque pulsation est comme le son d'un avion emportant la vie. Dogen Zenji nous rappelle fréquemment que nos vies sont éphémères...




Rev. Yuko Masuda, Enseignant de l'Ecole Soto. Extrait du magazine de l'Ecole Soto « Dharma Eye », trad. Lulena
 
Illustrations: Lulena, " Marylise.

dimanche 4 février 2018

Comme une envie...




Pluie battante sur la neige -
 

encore un peu et mon coeur
 

fond, fond, fond 


Balade de Muromachi






jeudi 1 février 2018

La main gauche de la nuit...

Les Dépossédés

Le nom du monde est Forêt

Terremer


Quatre chemins de pardon


L'autre côté du rêve... 



Quelques titres pour une œuvre foisonnante. Ursula Le Guin est morte le 22 janvier. Elle a écrit, beaucoup, elle a cherché de nouveaux mondes, où il y aurait des choses nouvelles, pas des objets, ni des robots, mais de nouvelles relations entre les personnes, entre les sexes, entre la vie et la mort...

Inclassable, même si la plupart de ses livres sont publiés en SF, elle est ethnologue, poète, écologiste, sociologue...et surtout curieuse, inspirée, anarchiste dans ce qu'elle cherche à tout questionner.




"Les Dépossédés reste un des livres phares sur l'utopie et un des plus grands livres de science-fiction tout court."

"Ursula Le Guin était un peu comme une archéologue du futur qui apportait de la compassion et une volonté pour aller ailleurs. Tout son travail sur la magie et le langage comme structure du monde est passionnant et se rapproche de l'ethnographie. C'était aussi un grand poète avec son style et sa façon de raconter des histoires ponctuées de silence, de guerres lointaines et de cheminement intérieur à travers ses personnages. Nous avons publié La Vallée de l'éternel retour qui rassemble des contes, des légendes, des chansons, des pièces de théâtre, à travers le journal intime d'une société future. Malgré la lecture non linéaire, on a la sensation d'être dans ce village et de vivre avec ses habitants. » 
Frédéric Weil, Mnémos."



Allez donc avec elle faire un tour dans le monde de Terremer, ou de l'Ekumen...
Vous en reviendrez peut-être avec un autre regard, d'autres idées, des découvertes...


La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...