mercredi 18 avril 2018

Le Chant du Dragon

Un moine demanda un jour à Touzi le grand maître de la région Shu : «  Y a-t-il un dragon qui chante dans l'arbre desséché? »
Touzi répondit : «  Je dirais qu'il y a un lion qui rugit dans un crâne ».
 



L'arbre desséché dont parlent les Ancêtres dans la Voie est la compréhension d'un océan asséché. L'océan asséché est l'arbre desséché. 
L'arbre desséché rencontre le printemps. 

L'immobilité de l'arbre est son dessèchement. Les arbres des montagnes, les arbres des océans et les arbres du ciel exactement maintenant sont des arbres desséchés. 

C'est un dragon qui chante dans l'arbre desséché qui fait pousser les bourgeons. 


Ceux qui comprennent cela, ceux qui l'étreignent  une centaine de fois, un millier de fois, des myriades de fois sont des descendants de l'arbre  desséché. 



 

La forme, l'essence, le corps et la puissance de ce dessèchement sont un pieu desséché dont parle un Ancêtre dans la Voie.



C'est au-delà d'un pieu  desséché. Il y a les arbres des vallées de montagnes, et les arbres des champs-des-villages. 



Dans le monde ordinaire, on appelle les arbres des vallées de montagnes les cyprès et les pins. 

Dans le monde ordinaire, on appelle les arbres des champs-des-villages des humains et des devas. 



Ceux qui dépendent des racines et étendent leurs feuilles sont appelés des ancêtres des des bouddhas. Ils retournent tous à l'essence. Ceci doit être étudié. 



Ceci est le grand corps du dharma d'un arbre desséché et le court corps du dharma d'un arbre desséché.
 







Sans un arbre desséché, il n'y aurait pas de dragon qui chante. 

Sans un arbre desséché, le chant du dragon ne serait pas écrasé. 

« J'ai souvent rencontré le printemps, mais l'esprit ne change pas. » ( une ligne écrite par Damei Fachang) : 

c'est le dragon chantant avec un dessèchement complet. 


Présenté à l'assemblée ( des moines) au pied du pic Yamashi, 25ème jour du 12ème mois, de la première année de l’Ère Kangen ( 1243).
 
M°Dogen Shobogenzo 

Traduction et photos: Lulena

Le rugissement du dragon parle d'un son qui ressemble au bruit du vent soufflant dans un bosquet d'arbres dénudés. Parfois, le méditant va l'entendre pendant zazen, lorsqu'il aura rejeté corps et esprit, càd abandonné avidité, colère et illusion, qui créent l'attachement aux cinq skandhas.

L'arbre desséché dont parle M°Dogen est une image habituelle au bouddhisme pour une personne qui a atteint un niveau profond de méditation, une personne dont les passions ont pratiquement disparu. Cet état ne se confond pas avec un état d'apaisement, d'extase, qui n'est qu'une phase qui peut se produire dans une pratique spirituelle.

On peut traduire le titre de cet écrit par " Le Chant du dragon" puisque cette expression renvoie à une activité du Dharma si forte qu'elle met en route la Roue de la Loi.
C. Bielefeld- introduction au chapitre " Ryugin" du Shobogenzo. Trad. Lulena  


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