lundi 30 mars 2015

Amnésie écologique

Je suis frappé par l'incohérence morale de notre société sur cette question des animaux ! Il y a comme une schizophrénie : il y a seulement 14% de Français en désaccord avec l'élevage pour la viande, mais 65% qui sont dérangés par les abattoirs. 
On ne veut pas les voir ! Jamais le film « terriens » qui montre les conditions de l'abattage industriel de la viande n'a pu passer à la télévision, pour ne pas choquer les plus jeunes par cette réalité « dérangeante ». 





 
D'ailleurs on constate que 50% des enfants des classes moyennes à Chicago ne font pas le lien entre le steak du hamburger et l'animal réel. D'où vient le steak ? Des supermarchés ! Et avant ? De l'usine ! Et lorsqu'on leur apprend qu'il s'agit d'un animal, ils n'y croient pas !







C'est un fameux paradoxe qu'une société où l'on vénère ses animaux de compagnie arrête sa compassion au bord de l'assiette.
L'an dernier tout le monde s'est mobilisé devant la vidéo de cet homme jetant un chat contre le mur. C'est bien ! Mais qui s'est ému des 500.000 animaux abattus le même jour dans des conditions épouvantables?

Matthieu Ricard interview dans La Vie 

En 1995, il y a eu une étude explorant la perception des enfants citadins à l’égard de la nature. L’amnésie générationnelle, c’est lorsque la perte de connaissance se produit parce que les jeunes générations ne sont pas au fait des conditions biologique passées. Il n’y a pas eu transmission de l’information par leurs aînés. 
D’anciens cultivateurs ne savent plus ce qu’étaient telle race de vache ou variété de pomme du temps de leurs pères.





 L’amnésie personnelle apparaît lorsque l’individu a oublié sa propre expérience. Par exemple il ne se souvient plus que les espèces de plantes ou d’animaux aujourd’hui devenues rares étaient, dans son enfance, beaucoup plus communes. 
Le changement est oublié et le nouvel état devient la référence. Si nous ne prenons pas conscience de ce que nous sommes en train de perdre, nous risquons de nous réveiller trop tard.
Je tente de montrer comment la lutte contre l’oubli est primordial à l’égard de la biodiversité si nous ne voulons pas être un Homo eremus, l’homme dans le désert. Or la sélectivité de la mémoire s’accommode des pertes du vivant sans même en prendre conscience ; c’est le shifting baseline syndrome, processus de référence changeante.

Choisissez la façon dont vous voulez vivre, pensez à la Terre que vous allez laisser à vos enfants, nous n’avons plus le  choix. Ou alors ce ne sera plus une (r)évolution verte, mais une révolution violente qui laissera beaucoup de monde sur le carreau. Jusqu'au jour où la nature dira « stop », à notre plus grande surprise.





 N’oublions jamais que le vivant a de tout temps été capable d’inventer de nouvelles trajectoires dont l’espèce humaine pourrait être exclue.


In « La grande amnésie écologique » de Philippe J. Dubois (delachaux et niestlé, 2012)
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/page/14/



 

1 commentaire:

  1. Mais ... Il n'y a jamais eu de cohérence morale. L'homo sapiens sapiens est un grand prédateur se débattant dans les limbes de la terreur, qui doit sortir de l'état de nature pour ETRE, devenir compagnon de lui-même, de tous et de l'univers entier. Quelques uns l'ont compris, le comprennent, en acceptent le "joug", certains sont nos maîtres. N'est-ce pas le message du Grand Renonçant, l'Eveillé du monde ? ou alors je n'ai rien compris.

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