samedi 15 février 2020
vendredi 7 février 2020
Apaiser la soif...?
Le cœur apaisé
Il
est encore tôt, et le petit matin est frisquet, mais déjà cette
journée s'annonce claire et lumineuse. Partie pour traverser la cour
à toute allure afin de rassembler tout ce qu'il faut pour un grand
nettoyage, j'hésite : pourquoi courir ? Ces premiers
chuchotements du printemps, ces matins suspendus entre givre et
soleil, ce moment où toute la nature frémit d'impatience après un
long hiver.
Je
regarde autour de moi : les neiges tardives ont retardé les
floraisons, mais les taches rouges et jaunes des tulipes égaient
encore les murs de pierre ; les petites pensées, qui ne
craignent ni le froid ni la neige, sont éparpillées dans tout le
jardin, et le forsythia éclate . Plus loin, le prunus, au
bord du chemin, enveloppe d'un voile rose les troncs des vieux
cerisiers. Déjà les prés reverdissent, et bientôt ils se
couvriront de fleurs. Je reste là, assise, tranquille, absorbant la
beauté et le calme qui m'entourent.
Lorsque
j'étais jeune, je voulais que ma vie soit pleine – pleine
d'émotions, de sensations, de voyages, d'expériences... Je
regardais avec horreur les vieilles personnes – de l'âge de mes
parents ! – et il me semblait que leurs vies étaient ternes,
ennuyeuses et mornes.
Et je me jurais, que jamais, jamais, je ne
vivrai comme eux. Je voulais que chaque jour apporte une aventure, de
l'espoir, un changement, ou même du chagrin, mais quelque chose. Je
frissonnai à la chanson de Jacques Brel avec sa pendule dans le
salon; je détestais tout ce qui ressemblait à une habitude. Il me
semblait qu'il n'y avait pas d'autre choix dans la vie qu'entre ces
deux chemins.
Et
puis, je suis entrée dans un monastère au Japon : horaires
stricts, journées identiques et longues heures de méditation. Et il
me semble que le premier mot que j'y ai appris- avec réticence,
d'abord, et difficultés- est : apaisement.
Un calme qui apaise
la soif : soif de mouvement, soif d'objets, soif d'amour, soif
de se sentir exister, soifs...L'apaisement est comme une eau fraîche
qui traverse notre corps et notre cœur. J'y ai appris que calme
n'est pas synonyme d'ennui, mais de joie profonde; qu'il y a un autre
espace pour nos jours que je n'avais jamais imaginé ; une autre
façon de vivre, qui n'était ni dans l'agitation ni dans l'inertie.
Mais
d'abord cela fait peur : nous avons l'impression que si nous
arrêtons de nous agiter, d'essayer d'attraper tout ce qui nous fait
envie, si nous essayons de nous poser, nous allons devenir aveugles
et sourds, insensibles, perdant ainsi toutes les joies de la vie.
Et
nous aimons cette soif insatiable qui est en même temps aiguillon et
souffrance. Nous cherchons à l'extérieur ce qui ne peut que venir
de l'intérieur. Nous voulons cette « sérénité » dont
on nous parle, mais sans rien perdre de nos émotions ! Nous
voulons la paix, mais avec quand même un bon peu de mouvements et de
bruits autour! En fait, nous voulons ceci, et encore cela, et tout
que nous voyons par-dessus le marché...
Un
cœur apaisé ne craint plus le silence car il bat au rythme de
l'univers ; dans ce silence nous pouvons tout entendre : le
bruissement du vent, le craquements des pierres, les battements de
notre cœur, les joies et les peines de ceux qui nous entourent ;
un cœur clair nous permet de voir la beauté du monde et des êtres,
la lumière de chaque visage ; un cœur pur nous fait vivre dans
la limpidité
de chaque matin.
Le
soleil emplit la cour à présent et fait scintiller de minuscules
gouttes de rosée sur les fleurs du prunier ; une araignée
tire un fil transparent entre deux bourgeons ; tout ébouriffé,
un oiseau s'éloigne du nid.
La cloche sonne ; le son en est
tout doré.
La
journée sera longue et belle.
La Vie les Essentiels. Lulena
La Vie les Essentiels. Lulena
mardi 28 janvier 2020
Le thé, le thé, le thé 朝茶
Entre
temps, prenons un peu de thé...
Le
meilleur des thés doit être ridé comme le cuir des bottes d'un
cavalier tartare, plissé comme le fanon d'un bouvillon ;
il
doit se déployer comme la brume montant d'un ravin, étinceler
comme un lac frôlé par un zéphyr, et être humide et doux comme la
terre qui vient d'être balayée par la pluie
Lu Yu
http://www.tching.com/2012/12/tea-haiku/ :
朝茶のむ僧
静也
菊の花
asacha nomu sō
shizukanari `
kiku no hana
Il y a de nombreuses traductions de ce poème célèbre, qui chacune met en valeur une facette différente.
tout est calmeBuvant le thé du matin
le moine est tranquille -
le chrysanthème en fleurs
----
Un moine déguste le thé du matin
floraison des chrysanthèmes
----
Pour son thé du matin
le moine s'assoit dans un silence total-
face à face avec les chrysanthèmes
L'oiseau moqueur chante là haut
tapis
rouge sur les pelouses vertes
du Jardin Zen
sous
le parasol
je
préparerai le thé pour toi
comme
si ce devait être la dernière fois,
ami,
tranquillement
calme.
L'éclat de l'après midi se reflète
dans les bambous, les fontaines s'amusent à faire des bulles, et
dans le chuchotement de la bouilloire, on entend la voix des pins.
Rêvons d'évanescence, et attardons dans la belle stupidité des
choses.
Okakura Kakuzo
Le défi d'une pièce du thé est d'être construite avec des matériaux apparemment incompatibles, de mêler le hautement sophistiqué avec le brut et le naturel, ; de varier les tailles, formes et emplacements ; de créer un effet de beauté sublime, tout en exprimant simplement le naturel.

Bien que je ne puisse pas fuir
ce monde de corruption
je peux préparer le thé
avec l'eau d'un ruisseau de montagne
et apaiser mon cœur
Ueda Akinari
Sources:
http://www.earlywomenmasters.net/masters/tea/
extraits de Julia V. Nakamura's "The
Japanese Tea Ceremony"
mercredi 22 janvier 2020
Mais ce corps...
Mais ce corps...
月のゆく
山に心を
ゝくりいれて
やみなるあとの
身をいかにせん
tsuki no yuku
yama ni kokoro wo
wokuri irete
yami naru ato no
mi wo ika ni sen
Mon esprit, je l'envoie
avec la lune
qui voyage au-delà des montagnes -
mais ce corps
laissé derrière dans l'obscurité?
Saigyo
mardi 14 janvier 2020
Rayon de soleil
Rien que cela...un maraîcher qui offre des fleurs à sa cliente, une amie qui l'offre à une amie, une envie de l'offrir à plus de monde...comme un sourire, un peu de couleurs dans le gris, un minuscule moment de bonheur...
samedi 11 janvier 2020
Une joie tranquille
Lune
du matin
je m’assois et regarde la lune du soir monter dans le ciel
en
cette nuit de pleine lune
derrière un arbre jaune comme une floraison
ou
comme un ballon de feu glacé
se mouvant doucement dans l’air de la nuit
pour
rendre hommage au Cheveu sacré
la
relique de Bouddha au paradis
dans la lune, il y a le vieil homme qui pile le riz
et
à côté de lui le lièvre de la lune
ainsi je ne ressens pas de solitude
mais
une joie tranquille
sous
le ciel qui s’éclaire
grâce
à la lune qui s’élève
et
il est temps d’aller me coucher.
je me lève tôt après une courte nuit
pour
saluer la lune maintenant à l’ouest
à son plus beau
une
heure environ avant sa disparition.
la lune du matin respire
tant
de tranquillité et de paix
et
pourtant elle apporte une touche légère
au
sentiment de notre propre évanescence.
Trop tôt
https://sadaik.com/2017/05/27/biography-u-win-pe/
dimanche 5 janvier 2020
Temps apaisé...
On m'a envoyé cette illustration,
sachant que je l'aimerai, sans m'en donner l'auteur..
Gratitude pour cette beauté...
Inscription à :
Articles (Atom)
La fin d'un blog
Impermanence et changement... pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...

-
Corps plein, corps unifié, corps et esprit UN. M° Dogen écrit dans le chapitre Roi des Samadhis, du Shobogenzo : ...
-
Impermanence et changement... pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...
-
D’abord il y a Bassho , l’incontournable, le marcheur, tout dans la tension entre joie et douleur, haïku- Bassho, toujours Ce j...