samedi 6 juin 2015

Vagabonder ....


               Un souffle de printemps et la nature s'éveille...quelques semaines plus tard, un petit vent de printemps, et c'est mon cœur qui aspire au départ, à la marche, à l'errance. 



« Le soleil et la lune sont des voyageurs éternels, dit Bassho, l'écrivain de haïkus. Même les années vont en flânant... Chaque jour est un voyage, et le voyage lui même est notre demeure... » Les nuages l'ont guidé vers une vie de poésie et de vagabondages, et moi aussi aujourd'hui, en ce matin piquant d'une petite fraîcheur porteuse de promesses, je rêve et je soupire...
 
   Il y a dans le mot « vagabonder » un je ne sais quoi de sautillant, de primesautier qui fait que les jambes vous démangent, que tout le corps s'impatiente, qu’on cherche du regard un sac à dos, posé sans doute contre le tronc d'un arbre, prêt à le reprendre et repartir d'un bon pas. Partir pour mieux voir ce que l'habitude nous cache, pour respirer, pour sentir la sève qui coule dans les veines des arbres, pour partager la force de la saison qui explose le matin à l'aube dans le chant des mésanges nonnettes, calotte noire et corps vibrant; partir pour s'éveiller demain dans un monde tout neuf.

 
   « Vagabonder » : on y entend les cailloux qui roulent sous les pieds, et le chemin qui s'apprivoisera au cours de la journée, passées les premières enjambées. Ce chemin qui nous sera bientôt plus familier que notre maison, laissée derrière nous sans regrets – que valent des murs de pierre face à la douceur du soleil, au vert tendre des prairies et à la promesse d'aller, aller encore, aller un peu plus loin que la limite de nos forces et s'arrêter, heureux de cette fatigue, pour une grande gorgée d'eau fraîche, plus délicieuse et pétillante que le petit vin clairet des jours d'été.
 
   Et le regard se tourne et cherche au plus loin: là-bas où les genêts en fleurs embaument et vous font signe; là-bas vers les grandes forêts sombres et secrètes ; là-bas, vers le ciel qui s'embrase au couchant, vers le murmure de la mer, vers l'ailleurs, juste après ce ruisseau, juste derrière cette montagne...



 Sans attentes, sans carte ni boussole, sans plan, exactement au fil des heures, au fil de nos envies, au fil de la joie. Errance : pourquoi pas par ici plutôt que par là, il nous suffit d'aller voir ailleurs où nous ne sommes pas, le monde est riche, et le temps infini.


 Sans prévisions, sans attaches, le vagabondage est pure légèreté, pur instant. Il est aussi sans abri, sans sécurité: il est découverte et parfois déception, il est ciel bleu et pluie, mais toujours il promet aventures et émerveillement :
« De quel arbre en fleurs,
je ne sais,
mais, ah, quel parfum ! »

   Vagabonder: juste une journée, juste une heure...Tourner à droite plutôt qu'à gauche, traverser ce jardin, passer par cette petite rue...prendre ce sentier inconnu ou traverser le pont, s'asseoir sous le cerisier en fleurs ou pousser la porte de cette maison pour en admirer la cour. 
Regarder par la fenêtre, et voir flotter les nuages...les suivre au gré du vent et de notre fantaisie; visiter un pays lointain aux brumes violettes, aux aubes dorées...Se laisser porter et changer de forme, devenir un petit souffle vaporeux dans le grand ciel bleu.
 
   « Reprisant mon pantalon de toile, attachant une nouvelle lanière à mon chapeau de bambou, je rêvais de la lune brillante au-dessus des toits de chaume du village de Matsushima... »
 Le printemps est un rêve, ne le laissez pas passer car : 
« Ceux qui restent derrière ne voit que l'ombre du dos du voyageur... »



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