vendredi 14 février 2014

Le clair-obscur de l'hiver

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J'aime raconter l'aube. Il y a l' aube de printemps, délicate, qui semble n' apparaître qu'à travers brumes et ombres, pour mieux faire admirer sa légèreté, mettant une touche de rose ici, un halo de lumière par là, comme une actrice cabotine qui aime à se refléter dans les gouttes de rosée.

 L'été, l'aube dessine les montagnes d'un trait net, souverain. « Admirez ce que je sais faire ! » semble-t-elle nous dire, flamboyante, toute de couleurs, de chaleur et de surprises : de nouvelles fleurs, un arbre qui semble avoir grandi pendant la nuit, une promesse de rires et de fête...

Aube d'automne ! Lumière rasante qui dévoile le brocart des forêts, elle apporte un parfum de terre et de feuilles, et les premiers scintillements de l'herbe gelée. Elle surprend les chevreuils dans leur élan, les toiles d'araignée tendues en travers du chemin, les champignons bien cachés aux yeux des curieux.

Les aubes ont leurs secrets, qui se dévoilent parfois à nous dans le silence de la première méditation, celle qui accompagne le réveil de la terre et des arbres. L'été, il semble que c'est de ce silence même que naissent les murmures des fleurs et les chants des oiseaux. Parfois, les gouttes de pluie chantent avec nous le grand hymne de la vie, rafraîchissant nos cœurs, apaisant nos esprits.


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 Parfois, c'est un rayon de soleil qui fait danser d'innombrables grains de poussière, et nous donne envie de tourbillonner avec eux. L'aube déjà résonne de l'appel de la journée, des rencontres, des découvertes. 

La méditation de l'aube est épure, qui nous soulage du poids du passé pour nous laisser, brillants comme un sou neuf, aborder d'un cœur léger la nouvelle journée.




Mais l'hiver...Ah ! L'hiver est la saison du crépuscule, de la soirée et de la nuit, de la dernière méditation qui replie le silence. L'hiver, après le dîner, déjà, le calme semble se poser, et le monastère respire à la lueur pâle de la neige. Ce n'est plus le jour, et pas tout à fait la nuit. 




Obscur et clarté semblent se mêler : « Dans l'obscurité, il y a aussi la lumière; dans la lumière, il y a aussi l'obscurité » dit un vieux poème zen chinois, qui a sans doute été écrit en cette saison.
 Les soirées semblent s'étirer dans la pénombre. La lumière électrique est une intruse, elle fait cligner des yeux, rend les fenêtres toutes noires et nous cache le dehors, la grande plaine blanche, la douceur de la nuit : lampes à pétrole et bougies semblent mieux appropriées, déférentes presque envers le cœur de l'hiver. 
Puis la cloche nous appelle : le son en est voilé, les murs de bois semblent le retenir, et notre marche s'en fait plus lente, plus retenue.

Quand commence cette dernière méditation, le silence se fait immédiatement, comme si tous nos mots avaient déjà été absorbés par l'obscurité. Nous restons plus facilement immobiles, sans agitation ni impatience, comme si notre corps aussi aspirait au repos, au temps plus lent des animaux et de la végétation.

 Ce temps qui s'écoule, immobile: quels repères dans cette pénombre ? Plus besoin de montre, de réveil ; pas d'attente, pas de retard : juste cette grande plaine obscure devant nous, silence, parfum de l'encens, craquements des pierres quand le gel saisit les arbres et les sols.


L'hiver est une longue méditation de nuit. Nous nous mettons en jachère, plus que jamais reliés à la terre, dépendants de ses rythmes, reprenant souffle et énergie en même temps qu'elle.


 L'hiver est un long crépuscule pour mieux arriver à la lumière. 



Lulena La Vie Les Essentiels












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