vendredi 20 mai 2016

Vesak, l'Eveil du Bouddha

Ayacana Sutta: La Demande traduit du Pali 

par Thanissaro Bhikkhu








Ainsi ai-je entendu:

En une occasion, le Bienheureux récemment Eveillé demeurait à Uruvela sur la rive de la rivière Naranjara, au pied du Banyan de la Gardienne de chèvres. Alors qu’il était seul et en retraite, il se dit : 

«  Ce Dhamma que j’ai atteint est profond, difficile à voir, difficile à réaliser, tranquille, raffiné, au-delà de toute conjoncture, subtil, à être expérimenté par les sages. Mais cette génération trouve ses délices dans l’attachement, se plaît dans l’attachement, s’amuse dans l’attachement – et la conditionnalité et l’apparition co-dépendante sont difficiles à voir. 




Cet état aussi est difficile à voir : la résolution de toutes les fabrications, l’abandon de toutes les acquisitions, la fin de l’avidité ; l’absence de passion, la cessation, le détachement. 
Et si j’enseignais le Dhamma et que les autres ne le comprenaient pas, cela serait fastidieux pour moi et fastidieux pour eux. »






A ce moment, le Bienheureux pensa ces vers, jamais dits dans le passé, jamais entendus auparavant :

«  Assez maintenant avec l’enseignement
de ce que je n’ai atteint qu’avec difficulté.
Ce Dhamma n’est pas réalisé facilement par ceux
qui sont dominés par l’aversion et les passions.

Ce qui est compliqué, subtil, profond, difficile à voir,
allant à l’encontre du flot – ceux qui font leurs délices des passions,
enfermés dans l’immense obscurité, ne le verront pas. »


Tandis que le Bienheureux réfléchissait sur cela, son esprit tendait à demeurer tranquille, sans enseigner le Dhamma.

Alors Brahma Sahampati , reconnaissant grâce à son attention unique les pensées du Bienheureux, pensa : «  Le monde est perdu ! Le monde est détruit ! L’esprit du Tathagata, L’Arhant, Celui qui S’est Justement Éveillé par Lui-même tend à demeurer tranquille, sans enseigner le Dhamma ! »







Alors, tout comme un homme fort déplie son bras plié, ou replie son bras étendu, Brahma Sahampati disparut du Monde-de-Brahma et réapparut en face du Bienheureux. 

Arrangeant son vêtement de dessus sur une épaule, il s’agenouilla sur le genou droit, salua le Bienheureux avec les mains devant le cœur, et lui dit :
 «  Seigneur, que le Bienheureux enseigne le Dharma ! Que Celui qui Est Bien- Allé enseigne le Dhamma Il y a des êtres avec juste un peu de poussière dans les yeux qui s’éloignent parce qu’ils n’entendent pas le Dhamma. Il y a des êtres qui comprendront le Dhamma. » 





Voici ce que dit Brahma Sahampati. Et il ajouta : «  Dans le passé, est apparu par les maghadiens un Dhamma impur devisé par des êtres impurs. Ouvre la porte à la Non-Mort ! Laisse les entendre le Dhamma réalisé par le Sans- Souillure !

 De même que celui qui se tient sur un rocher peut voir en bas les autres tout autour de lui, Ainsi, O Sage, avec ta vision Qui Inclut Tout gravit le palais construit par le Dhamma. Libre de tout chagrin, contemple les êtres submergés par le chagrin, opprimés par la naissance et la vieillesse.

 Lève-toi, héros, victorieux dans la bataille ! O Enseignant, sans dette promène-toi dans le monde ! Enseigne le Dhamma , toi le Béni : il y aura des êtres qui comprendront. »








Le Bienheureux, ayant compris l’invitation de Brahma, de par sa compassion pour les êtres, examina le monde avec l’oeil d’un Éveillé. Faisant cela, il vit des êtres avec peu de poussière dans les yeux, et d’autres avec beaucoup ;

 il reconnut ceux qui avaient des facultés aiguisées, et ceux qui avaient un esprit obtus ; des êtres avec de bonnes facultés,et d’autres avec des mauvaises ; ceux à qui enseigner serait facile, et ceux à qui ce serait difficile, certains d’entre eux voyant disgrâce et danger dans l’autre monde.


Comme dans un étang de lotus bleus, rouges ou blancs, certains lotus – nés et poussant dans l’eau- peuvent fleurir alors même qu’ils sont immergés dans l’eau, sans s’élever au-dessus d’elle ; certains peuvent effleurer la surface de l’eau alors que d’autres peuvent s’élever au-dessus de l’eau et s’y tenir sans être touché par elle ;






 ainsi, examinant le monde avec l’oeil d’un Éveillé, le Bienheureux vit ceux qui avaient des facultés aiguisées, et ceux qui avaient un esprit obtus ; des êtres avec de bonnes facultés, et d’autres avec des mauvaises ; ceux à qui enseigner serait facile, et ceux à qui ce serait difficile, certains d’entre eux voyant disgrâce et danger dans l’autre monde.


Ayant vu cela, il répondit en vers à Brahma Sahampati :
« Ouvertes sont les portes de la Non-Mort à ceux qui ont des oreilles. Qu’ils montrent leur confiance. «





Alors Brahma Sahampati pensa : «  Le Béni a donné son accord pour enseigner le Dhamma » s’inclina devant le Bienheureux et le contournant par la droite disparut à l’instant.




 Ainsi, 25 siècles plus tard, avons-nous le bonheur de pouvoir lire, écouter, conserver, et comprendre les Enseignements du Victorieux...



Traduction Fr: Lulena 

vendredi 13 mai 2016

Entre présence et absence





Nuit de printemps, poème impromptu


Les herbes sauvages sont secrètement parties avec le vent

L'éclat de ce printemps chaotique déjà à moitié disparu 

Appuyée sur la balustrade de pierre  je me repose un instant

La lune dans la cour quelque part entre présence et absence 





 Jingnuo Nonne bouddhiste Chine 17 ème S.

Traduction Lulena








jeudi 21 avril 2016

Vagabonder, encore, c'est le printemps...

Vagabonder...

 


Un souffle de printemps et la nature s'éveille...quelques semaines plus tard, un petit vent de printemps, et c'est mon cœur qui aspire au départ, à la marche, à l'errance... en ce matin piquant d'une petite fraîcheur porteuse de promesses, je rêve et je soupire...


 

 Il y a dans le mot « vagabonder » un je ne sais quoi de sautillant, de primesautier qui fait que les jambes vous démangent, que tout le corps s'impatiente, qu’on cherche du regard un sac à dos, posé sans doute contre le tronc d'un arbre, prêt à le reprendre et repartir d'un bon pas. 

Partir pour mieux voir ce que l'habitude nous cache, pour respirer, pour sentir la sève qui coule dans les veines des arbres, pour partager la force de la saison qui explose le matin à l'aube dans le chant des mésanges nonnettes, calotte noire et corps vibrant; partir pour s'éveiller demain dans un monde tout neuf.




"Vagabonder" : on y entend les cailloux qui roulent sous les pieds, et le chemin qui s'apprivoisera au cours de la journée, passées les premières enjambées. Ce chemin qui nous sera bientôt plus familier que notre maison, laissée derrière nous sans regrets – que valent des murs de pierre face à la douceur du soleil, au vert tendre des prairies et à la promesse d'aller, aller encore, aller un peu plus loin que la limite de nos forces et s'arrêter, heureux de cette fatigue, pour une grande gorgée d'eau fraîche, plus délicieuse et pétillante que le petit vin clairet des jours d'été.



Et le regard se tourne et cherche au plus loin: là-bas où les genêts en fleurs embaument et vous font signe; là-bas vers les grandes forêts sombres et secrètes ; là-bas, vers le ciel qui s'embrase au couchant, vers le murmure de la mer, vers l'ailleurs, juste après ce ruisseau, juste derrière cette montagne...



Sans attentes, sans carte ni boussole, sans plan, exactement au fil des heures, au fil de nos envies, au fil de la joie. 
Errance : pourquoi pas par ici plutôt que par là, il nous suffit d'aller voir ailleurs où nous ne sommes pas, le monde est riche, et le temps infini. Sans prévisions, sans attaches, le vagabondage est pure légèreté, pur instant. Il est aussi sans abri, sans sécurité: il est découverte et parfois déception, il est ciel bleu et pluie, mais toujours il promet aventures et émerveillement :

« De quel arbre en fleurs,
je ne sais,
mais, ah, quel parfum ! »





"Vagabonder": juste une journée, juste une heure...Tourner à droite plutôt qu'à gauche, traverser ce jardin, passer par cette petite rue...prendre ce sentier inconnu ou traverser le pont, s'asseoir sous le cerisier en fleurs ou pousser la porte de cette maison pour en admirer la cour. Regarder par la fenêtre, et voir flotter les nuages...les suivre au gré du vent et de notre fantaisie; visiter un pays lointain aux brumes violettes, aux aubes dorées...Se laisser porter et changer de forme, devenir un petit souffle vaporeux dans le grand ciel bleu.




« Reprisant mon pantalon de toile, attachant une nouvelle lanière à mon chapeau de bambou, je rêvais de la lune brillante au-dessus des toits de chaume du village de Matsushima... » Basho


Le printemps est un rêve,
 ne le laissez pas passer...






lundi 11 avril 2016

Images sur l'aile du vent




loin du monde
mon coeur est libre
journée de printemps




jeunes pousses de fougère
ouvrant leurs petits poings
enfin le printemps


pluie fine
si fine qu'invisible pourtant
des perles sur les fleurs






sur l'aile du vent
légère et lointaine
l'hirondelle


Même sédentaires, même casaniers, nous ne sommes jamais que des nomades. Le monde ne nous est que prêté. Il faudrait apprendre à le perdre; et l'image du verger, à peine la retenir. Jacottet



le temps s'étire
soirée de pluie printanière
et moi je songe


 Natsume Soseki 夏目 漱石




Haikus Soseki Ed. Philippe Picquier

Nathalie Savey, P.Jacottet Ed L'atelier contemporain


lundi 4 avril 2016

Le chant, le printemps





Grande honte: je ne sais plus de qui est cette belle acrylique que j'ai utilisée ici...? Lulena

La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...