Homme
et animal : vivre ensemble
Nous
vivons probablement aujourd'hui avec les animaux comme les hommes du
Néolithique, pour un ensemble de raisons où se mêlent affectivité,
intérêts, rapports de pouvoir...
Comment
êtres humains et animaux pourraient-ils cohabiter s'ils ne
possédaient pas, même de façon minimale, certains éléments d'un
langage commun et certaines motivations communes à rester ensemble ?
Les
finalités de l'élevage sont peut-être alors moins de tirer un
parti utilitaire des animaux que de vivre avec eux et de les insérer
dans la société humaine.
Les
processus domesticatoires pourraient effectivement contenir en
eux-mêmes leurs propres fins.
Tuer
et consommer les animaux domestiques apparaîtrait alors comme une
conséquence de la relation, et non une cause.
![]() |
photo: C.B |
Les
processus de domestication ont amené hommes et animaux à vivre
ensemble, à communiquer, à opérer peut-être un échange tacite :
l'homme
nourrissant, abritant, protégeant l'animal d'élevage des prédateurs
en échange de ce que l'animal avait à offrir, laine, lait... et en
dernier lieu sa vie, dans le cadre de rapports de respect, voire
d'affection, rapports qui fondent la légitimité de l'activité
d'élevage et que l'on retrouve encore aujourd'hui exprimés par la
majorité des éleveurs.
N'avons-nous
pas réduit collectivement ce lien au seul bénéfice des intérêts
humains ? N'avons-nous pas rompu « le contrat
domestique » ?
L'animal
n'est pas qu'une chose qu'on fait grossir, produire et puis qu'on
tue.
L'animal
est.
Et nous sommes avec lui dans un même monde, issu d'un rameau commun de l'évolution.
J.Porcher
La dernière image est bouleversante...
RépondreSupprimerLes animaux dans leur ensemble, et plus encore d'élevage, sont mal traités et martyrisés pour que nous continuions à consommer TROP de viande.
Plus un gramme de viande ne doit figurer dans l'assiette du disciple.
C'est la seule façon de faire pression sur la prise de conscience de tous, et c'est un moyen à la portée de tous.
Dans la préface du livre de J.Porcher "vivre avec les animaux, une utopie du XXIe siècle" figure ceci :
"Dans la zone interdite autour de Fukushima, il reste les bêtes. On estime que 100 000 animaux continuent de vivre, seuls, sur les terres devenues hostiles. Quelques irréductibles fermiers ne supportent pas de laisser leurs troupeaux crever de faim. Alors ils y retournent, malgré le danger, pour nourrir le bétail. Bien sûr, ils ne pourront pas vendre leur production, trop contaminée. Mais comment abandonner une vie et une exploitation qui, souvent, remonte à plusieurs générations ? « Lorsque je les quitte, je me dis que c’est peut-être pour la dernière fois, alors je retire ma casquette et je me prosterne. Je pense que les bêtes me comprennent », se désole un éleveur. "
Et dans le corps du livre :
" Le productivisme et la recherche forcenée du « toujours plus », plus de lait, plus de porcelets, plus d’agneaux, toujours plus vite, toujours plus profitable aux investisseurs de l’industrie de la viande, de l’agro-alimentaire, de la pharmacie, de la génétique, du bâtiment, de la banque... ont entraîné les éleveurs dans une course sans fin. Alors qu’au sortir de la guerre, les modernisateurs annonçaient des jours meilleurs pour l’élevage, force est de constater que ce n’est pas le meilleur qui est au rendez-vous, mais le pire. Les modernisateurs annonçaient le bien-être généralisé grâce à la croissance infinie de la production. C’est la souffrance qui est aujourd’hui la production la mieux partagée dans les productions animales."
Il faut lire ce livre, le faire lire, ne pas hésiter à sensibiliser ceux qui se gaussent ou s'offusquent de la préoccupation du sort des bêtes face aux drames humains. Il n'y a aucun avenir pour une humanité incapable de prendre conscience de la souffrance qu'elle contribue à perpétuer à tous les êtres en chacun de ses actes, aussi ordinaires soient-ils.
Précision au commentaire précédent.
RépondreSupprimerPas question de tomber dans le débat végétarien ou pas (à chacun ses engagements) ou dans celui bien stupide des soit disant "libérateurs des animaux". Bien des éleveurs soignent leurs bêtes avec amour et respect.
Il s'agit de mettre à plat, pour un enfant du Bouddha, la question de la souffrance animale que génèrent l'élevage industriel et les conditions d'abattage.
Pour illustrer, cet extrait d'un article de Jocelyne Porcher encore, qui fut elle-même éleveuse de chèvres :
"Travailler avec les animaux, c'est comprendre ce que c'est que vivre et mourir.
Car, et c'est bien sûr ce pour quoi l'élevage est condamné par les libérateurs, le prix de la relation, c'est in fine la mort des animaux.
Que la mort des bêtes close notre relation avec elles n'implique aucunement que la relation était un leurre, unartifice à notre entier bénéfice.
Parce que la mort existe. Ce que, il est vrai, certains philosophes ont encore du mal à croire.
Ce que nous pouvons aujourd'hui interroger par contre, prenant en compte les transformations du statut des animaux dans nos sociétés et l'évolution de nos sensibilités à leur égard, c'est la place de la mort dans le travail avec les animaux et les conditions de cette mort".