Moriyama Daigyo Roshi
La présence du Maître, la voix du
Maître.
A travers le bruit de la pluie, la fleur qui tombe, les journées grises, la flamme de la bougie, la paix de la salle de méditation.
Le geste d'offrande de l'encens.
Gassho.
La présence du Maître ne s'efface pas.
Je me souviens avoir pensé, il y a longtemps, alors qu'il était encore en vie: "Si je ne peux pas voir mon Maître dans chaque arbre de cette forêt, dans chaque feuille, dans chaque brin d'herbe, c'est que je n'aurai rien compris, non pas à son enseignement, mais à ce qu'il est, à ce que suis."
La voix résonne dans la tête, dans le coeur, dans le souffle.
La voix ne s'éteint pas.
Chaque syllabe des soutras est chantée à travers mon Maître.
Chaque son de cloche, chaque battement du mokugyo,
chaque mot du Dharma portent sa voix,
m'éveillent:
pas de souvenirs, mais un écho, une résonance.
De coeur à coeur.
Le rire de mon Maître.
Et, quoiqu'on ait ressenti de gratitude pour tout ce qui était donné joyeusement, librement,
voir maintenant comme c'était peu, comme c'était pauvre.
Dernier apprentissage, dernier don du Maître:
notre coeur n'a pas de limites
- seulement celles que nous posons.
Joshin Ni
Moriyama Roshi, Joshin Sensei, Jokei Sensei, Brésil, mars 96.