jeudi 23 novembre 2017

S'alléger...le bon moment









Traveling Light – Voyager léger / Lumière du voyage*
Je voyage léger ( light) , comme la lumière ( light);
c'est à dire, aussi léger que puisse voyager un homme
qui transporte encore son corps à cause
de sa valeur sentimentale...
Christopher Fry



Il y a 1200 ans en Chine, un homme d'une quarantaine d'années appelé P'ang Yun entassa tout ce qu'il possédait dans un petit bateau et coula le tout dans le lac Tung T'in. Après cela, nous dit-on, «  il vécut comme une feuille au vent ».
Voyez - le dans le petit matin, barbotant au milieu du lac, regardant s'élever du fond de l'eau les dernières bulles. L'air est froid et serein. Le lac un peu brumeux et aussi calme que le ciel. Puis, il se détourne et nage jusqu'à la rive.



Justine Dalencourt, une Quaker française, fut obligée de quitter sa maison de Fontaine- Lavaganne quand l'armée allemande envahit la France en 1914, mais, auparavant, elle fit son jardin potager, disant: «  J'aime mieux qu'ils trouvent quelque chose à manger chez moi, plutôt que d'avoir à voler chez d'autres. »
Voyez-la, agenouillée, plantant la dernière graine. Tapotant le sol humide. Le chaud soleil du printemps. La riche odeur de terre montant vers elle. L'étrange bruit de tonnerre, au loin. Puis, elle se lève, fait demi-tour et part.


 
Voyager léger – imaginez: ne pas être encombré, une façon gracieuse de voyager comme une simple feuille. 

Maintenant imaginez-en une autre: la lumière par laquelle nous voyageons, la lumière qui montre le chemin. 
Notre lumière de voyage.
 
Qu'est-ce que ça veut dire «  vivre comme une feuille au vent »? Qu'est-ce que cela voudrait dire faire de notre vie un voyage de simplicité? 


Un voyage désencombré, sans fouillis, sans confusion – un voyage avec concentration et attention? Un voyage de légèreté et de lumière?
 
Les Quakers disent qu'une flamme divine brille à l'intérieur de chaque être humain. Chaque être humain. Tous les êtres humains. Est-ce qu'une telle lumière nous rappellerait qu'après avoir volé notre maison, les soldats auront faim? Et pour voir cette Lumière Profonde, en nous-même et dans les autres, faut-il d'abord avoir coulé notre bateau ?




En1889, à l'âge de 19 ans, mon grand-père quitta sa famille et ses amis de Suède et s'embarqua pour l'Amérique. Il emballa tous ses biens terrestres dans un petit coffre en bois. 

Aujourd'hui, ce coffre est posé près de mon bureau. Il est fait de lames de bois entourées d'un cadre; ses charnières laissent le couvercle entrouvert. Le bois lui-même, maintenant brisé à plusieurs endroits, a pris une teinte foncée.



  Je regarde ce vieux coffre, et je vois un jeune fermier, la peur et le goût de l'aventure dans ses yeux, écartant tout sauf l'essentiel, faisant naître de l'intérieur de lui-même une simplicité tranquille. Je le regarde monter à bord un matin brumeux et s'éloigner vers le large.
 
Moi, je n'ai pas voyagé beaucoup mais je garde dans mon grenier quelques belles valises. Et aussi, 2 sacs à dos, 3 sacs à bandoulière, un sac marin, un porte-documents, plusieurs fourre-tout, un sac de camping, un panier tressé en frêne, 3 sacs de couchage et une ou deux tentes. 

Devant le coffre de bois de mon grand-père, je réalise qu'il ne pourrait pas contenir tout ce que j'estime nécessaire pour un pique-nique d'été. 

Et, contrairement à P'ang Yun, je ne peux imaginer où je pourrais trouver un canot assez grand pour emporter tout ce que je possède au milieu du lac. 

Évidemment, j'ai l'intention de garder tous mes biens terrestres très loin de l'eau.
 

Pourquoi? Me manque-t-il la nécessaire légèreté? La Lumière nécessaire?




* En anglais, le mot «  light » a deux sens: 1. la lumière 2. léger

Philip Harden «  Journeys of Simplicity » trad. Joshin Sensei – ( Spécial Avant Cadeaux de Noël....)



dimanche 19 novembre 2017

L'esprit du pratiquant...



Attention à la surchauffe...!


Dédié à tous les rakusus...merci à Françoise qui me l'a envoyé...Voici son message:

"Oh, c'est du chauffage au sol, ça chauffe tout doucement, de manière constante, sans pic ni réel creux ;-) Et c'est au rez-de-chaussée d'un futur zendô, donc ça ne craint rien :-)" 




dimanche 12 novembre 2017

Le lapin de la lune

    Conte japonais

 Lune d'automne, la plus pure, la plus belle...Regardez la bien : peut-être, comme les enfants japonais, y apercevrez-vous une silhouette bondissante, aux longues oreilles...





Voici l'histoire :
  En ce temps-là, il y avait une grande forêt dans laquelle vivaient les animaux sans peur, n'ayant eu que peu à faire avec les humains. Or arriva un vieil homme qui s'affala au pied d'un arbre en pleurant. Surpris, les animaux s'approchèrent.
« Qu'as-tu donc ? » demanda le lion, parce qu'il savait que les autres le regardaient.
« Hélas, soupira le vieillard, j'ai faim, j'ai très faim, je vais mourir de faim... »
Le doute plana  : y avait-il quelque chose à faire, et fallait-il le faire ? Après tout, on n'avait pas vu souvent d'hommes dans cette forêt. 





« C'est l'occasion de faire connaissance» suggéra le singe, amusé par la ressemblance de cet homme avec son dernier né.
    «  Et de quoi as-tu besoin ?  -Eh bien, il me faudrait une marmite avec de l'eau, du bois qui brûle en-dessous, et quelque chose de bon dedans ». 


« C'est bien compliqué», gazouilla un moineau. Le roi le pensait aussi, mais il s'était trop avancé pour reculer sans perdre la face. «  Très bien, dit-il. On s'en occupe ». 

 Et il donna ses ordres avant d'aller s'asseoir à l'ombre.
  Le chacal, la loutre et le singe partirent en courant; et le lapin – ah, mais je n'ai pas encore parlé du lapin ! Une pauvre petite chose, bien différente de nos fringants maîtres Jeannot d'aujourd'hui ! Quasiment pas de poils, incapable  de sauter !




 Il n'y a que ses oreilles qui étaient les mêmes, et tous les animaux se moquaient de lui comme savent le faire les bêtes quand elles sont ensemble. Mais vaillamment le lapin lui aussi partit à la recherche de nourriture.


Bientôt, ils furent de retour... (  bon, c'est vrai, j'enjolive un peu :un conte n'est-il pas fait pour raconter à sa guise quand la soirée est belle, que ça sent bon les pins et le feu de bois, et que la lune traverse le ciel en clignant de l'oeil... ), le singe, donc, fier autant qu'effrayé, portait à bout de bras un brandon enflammé ; le chacal serrait contre lui une marmite, dérobée on ne sait où, la loutre avait rempli d'eau ses bajoues...et le lapin boitillait misérablement, un petit bouquet de serpolet serré dans une patte.

 Le lion, aidé de l'homme  dont on entendait le ventre gronder, installa le feu, et la marmite...et ?  Et l'homme regarda tristement la marmite remplie d'eau. Le lapin fut pris de pitié : malingre, laid, il connaissait la tristesse et aussi le désespoir;  
voyant le corps du malheureux, déformé par la faim, il se reconnut à travers sa faiblesse. Il souffrait pour lui, et n'avait rien à offrir.
    

Alors, pour la première fois de sa vie, il fit un bond splendide, tout droit dans la casserole, et s'offrit, lui, le mal-aimé, le miséreux.




 Merveille ! Le vieillard redevint le jeune dieu qu'il était en vrai ; il remercia tous les animaux – le lion essaya de cacher son air vexé - et se tourna vers le lapin : « Tu es le plus petit, tu es le plus pauvre et tu es le plus généreux ; je veux te montrer ma reconnaissance..  » 

Et le corps du lapin se couvrit d'un beau poil clair, et ses pattes devinrent solides et musclées, et il fut heureux, le lapin, si heureux qu'il se mit à faire des bonds de joie...il sauta, sauta, de plus en plus haut, jusqu'à la lune...Regardez ! En automne, par une belle nuit de pleine lune, vous pouvez le voir,  tout là-haut, le lapin au cœur plus grand que le monde...



lundi 6 novembre 2017

Zen et navets



Les navets sont comme les personnes du Zen
ils sont bons
quand ils sont bien assis

- d'après Sengaï - pôvre!

La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...