Les
chemins de notre vie...
Il y a les chemins
de l'automne, où joue le vent frisquet; les chemins du crépuscule,
qui ont leur charme, lorsque la lumière baisse, que les ombres
s'allongent, et que les formes se fondent devant nos yeux fatigués;
les chemins baignés de lune, mystérieux, un peu effrayants, si
attirants; les chemins de la nuit, où nous frôlent les
chauve-souris, et les chemins de l'aube, aussi, tracés dans les
collines par le chant des oiseaux; les chemins sans issue, où
pourtant on s'entête; les chemins où l'on se traîne, épuisé sous
le poids de notre sac, et ceux qui sont parcourus au pas de
gymnastique, en chantant « La Madelon »...
Les chemins
râpés de notre colère, et les chemins embourbés de nos rancunes;
ceux qui s'effacent quand on s'approche, et ceux qui nous accueillent
puis disparaissent quand nous essayons de faire demi-tour.
Il y a les chemins
avec des carrefours à tous les coins, qui nous rendent incertains et
hésitants, et ceux qui chargent tout droit au-delà de l'horizon,
nous laissant
épuisés d'avance; il y a les chemins de poussière, qui semblent
cacher leur oasis quand nous avons le plus soif, et les chemins
tracés par nos efforts, pas après pas, dans la neige; il y a ceux
qui tournicotent, et ceux qui ne nous mènent nulle part. Le petit
chemin qui sent la noisette a eu son heure de gloire, et nombreux
sont toujours ceux qui cherchent le chemin du paradis...le chemin
vers la gloire brille de toutes ses paillettes et en attrape plus
d'un et en avale plus d'une...sans compter que le chemin bien pavé
vers l'enfer brûle souvent sous nos pas...
Il y a le chemin
si long entre nous et ceux qui nous attendent, bras grands ouverts,
et le chemin triste qui mène vers l'école; mais, à la fin de la
journée, voilà le chemin du retour où les filles se font tirer les
cheveux – attention,elles savent se moquer avec des rires aigus et
pincer les garçons!
Il y a le chemin
ardu et la ballade des paresseux; ceux sur lesquels on flâne, sans
se presser d'arriver, les chemins sans but, et, si doux sous nos pas,
merveilleusement ensoleillé, le chemin de notre premier amour que
nous suivrons toujours, c'est sûr, nous le jurons......
Les chemins où
nous marchons seuls, pas toujours solitaires, et ceux où nous jouons
des coudes; ceux qui semblent ne jamais finir, et ceux dont nous ne
trouvons pas l'entrée; les chemins de l'enfance, les chemins
interdits, les chemins barrés, les chemins buissonniers; les chemins
où nos pieds saignent, les chemins qui brisent notre orgueil, les
chemins qui nous emplissent d'amour pour tout ce qui nous entoure...
Tant de
chemins...A choisir à chaque instant, chemin unique, le nôtre,
celui qui est là, exactement sous nos pas, prêt à devenir ce que
nous voulons qu'il soit. C'est sur ce chemin-là, sous nos pieds et
pas ailleurs, qui n'est ni le chemin de l'un, ni celui de l'autre, et
pas non plus un chemin rêvé, que nous devons avancer, et vivre et
aimer et disparaître...
Chemin de joie, chemin de peine, chemin
bariolé de tous nos désirs et de toutes nos attentes, chemin
constellé d'arrêts et de chutes, chemin trop long ou trop court,
ou juste comme il faut, notre chemin.
Car
ce chemin n'existe qu'au moment où nous le créons, c'est la
grandeur de notre vie, et nous sommes ce chemin, et ce chemin est
nous. Unique. Difficile. Merveilleux.