Two
Poems from the Abbey
C’est
une danse: l’espace entre mes pas alors que je marche lentement
vers la salle des cérémonies
Talon-pointe,
talon-pointe, gratouillis de la moquette rouge ( c’est peut-être
un peu romantique)
Une
goutte de pluie trouve mon épaule, frappant comme un silex frappe
un coeur tendre. Un temps pour la pause? Abandonner. Un point frais
sur ma joue, une goutte de pluie.
La
pratique de l’attente. Chaque matin à 5h45, je fais la queue
devant le zendo, les mains au chaud, attendant déjà ma respiration,
comme si je cherchais sérieusement des lucioles : une, deux, trois.
Au
petit-déjeuner, le voyage entre le bout de mes doigts et la peau
nacrée, collante de l’oeuf dur.
La
méditation: une laisse autour du cou d’un éléphant sauvage,
furieux. Remarquer les espaces, nous rappellent les monastiques. Ils
disent souvent cela, comme une mélodie jouée par plusieurs
instruments.
Les
espaces dans les pensées. Avec la pratique, ils s’agrandiront et
se produiront plus souvent.
La
pensée ralentit. L’esprit est une flaque d’eau aux pierres
couleur arc-en-ciel.
Remarquez
les espaces, mais laissez-les partir, continuez: l’esprit met ses
affaires au mont-de-piété, sans fin.
Illumination:
faire pleinement l’expérience de la texture de la vie. Une gorgée
de thé, chaud, la langue éblouie. Une douleur sous l’omoplate.
Le
grattement du toast sous la lame du couteau. L’os du poignet pousse
sous la peau comme une petite planète.
Regardez
et attendez à la fenêtre avant le premier gong la pluie qui strie
les carreaux en ce matin gris-noir. S’éveiller de sa confusion.
Une
nuit, je me savonne le bras, je remarque que je ne suis pas vraiment
en train de me laver. L'eau coule, chaude, mais je la sens à peine.
Est-ce que prendre une douche est une compétence – un art- qu'on
peut développer ? Je me demande.
Mes
années de douche sans m'en rendre compte. Est-ce que la chorégraphie
des douches changera quand je me raserai la tête ? L'attention
va commencer à me harceler.
J'essaie
de passer sur ma peau la serviette éponge comme si je pelais un œuf
dur, comme je suivrais mes pieds quand je marche, comme lorsque ma
respiration dérape.
Enlightenment:
to experience the texture of life fully. Sip of tea, hot, dazzles the
tongue. The band of ache under a shoulder blade.
Rasp
of toast along the knife blade. Wrist bone pushes beneath the skin
like a small planet.
Watch
and wait by the window before the first gong, rain streaking the
glass on
a gray-black morning. To wake from the daze.
One
night, I run soap over my arm, notice that I’m not actually
cleaning. Water runs, hot, but I barely feel it. Is showering a skill
I can become better at? I wonder.
My
years of unconscious showers. Will the choreography of a shower
change when I shave my head? Mindfulness
will begin to dog you.
I
try to run the washcloth over my skin like I peel my egg, like I
follow my feet, like I sense my breath slipping.
Miranda Arocha Smith