lundi 9 août 2021

" J'accepte tous mes ancêtres..."

 



12- 15 août: Obon -  un temps d’offrandes , de souvenirs et de gratitude à la Demeure sans Limites.


C’est une bonne ferme placide dont la longue étable s’est transformée en salle de méditation parquetée, craquant sous les pas inattentifs, un temple bouddhiste qui ne paie pas de mine sous ses très vieux cerisiers : ni jardin zen à l’intérieur ni statues grimaçantes à l’entrée. 

Cinq jours à peine pour épouser le rythme de vie monastique, de cinq à vingt et une heures, loin du brouhaha, à être à ce que l’on fait, être ce que l’on fait, présent à soi, aux choses, empli par leur portée, des toilettes récurées au respir qui s’allonge, du son de la cloche qui se prolonge à la cérémonie pour les défunts qui, la dernière soirée, se conclut, après un long et paisible retour en silence sous les étoiles, par une nuitée d’assises.

Le rite fut simple : descendus au bord du ruisseau, en un rebord où l’eau paraît s’immobiliser, chacun déposa sur son calme plat et noir une petite bougie allumée, luciole embarquée sur une nacelle d’écorce qui luit un temps, tourne lentement, cherchant sa voie au gré du mince courant, puis capote dans une brève chute entre deux rochers. A la lueur des torches, on en pouvait suivre certaines qui s’écoulaient, éteintes, puis les frondaisons masquaient définitivement la suite de leur errance.

Revenus un instant nous côtoyer, ranimés par notre reconnaissance, les disparus repartaient dans leur nuit. Requiescant in pace, eux et nous. 

 Mais leur voyage se poursuivait aussi au-delà de notre regard. Quand avait-il pris naissance ? A la confection de la bougie ? A la poussée de l’écorce sur le pin ? L’après-midi, nous avions lu un beau texte du moine vietnamien Tich Nhât Hanh : «  J’accepte tous mes ancêtres, avec leurs vertus et leurs faiblesses. Mes ancêtres et mes descendants font partie de moi. Je suis eux, ils sont moi. Je n’ai pas de moi séparé. Tout existe dans le courant de la vie en continuel mouvement… »

Tout est toujours présent et tout en même temps disparaît, impermanence continue et permanence non moins continue, de façon aussi patente que les vagues passant en frisson sur la peau de la mer. Dire qu’il m’aura fallu monter en Ardèche jusqu’à cette ferme-temple nommée « La Demeure sans Limites » pour comprendre que ce nom pointait ce que m’enseignait à demeure et à mon insu chaque vision de la mer!


Pierre, pratiquant de la Demeure sans Limites.


















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