Les temps sont durs: une année de famine
a laissé les campagnes désertées.
Tambours de guerre ou roquettes qui explosent
Quand la guerre a-t-elle jamais pris fin?
Mes frères vivent tous loin du pays,
éparpillés aux confins de l'empire.
Empire des Tang, ou pays du fanatisme,
là où grandit la haine,
verrons-nous la trêve des combats?
Sans nouvelles
dispersés sur terre et sur mer
les réfugiés marchent, et cherchent, et marchent...
Aujourd’hui que la guerre bat son plein
les champs et les jardins deviennent rares.
Ceux qui vivaient chair et sang sous un toit
se cherchent solitaires sur les routes.
Sur les routes d'Afrique,
de Selingué à Yaoundé,
de Ouagadougou à Abidjan,
sur les routes d'Amériques
du Pérou au Mexique,
de Ciudad Juarez à Tijuana,
sur les routes maritimes
de Lybie en Itatlie,
de Calais à Douvres
- ma mère, mes frères, mes enfants, où sont ils?Sont-ils encore vivants?
Ils sont comme de ombres sans attaches,
des oies sauvages sur dix mille lis.
Ils laissent les racines retournées
souches dressées sous le ciel de septembre.
Un petit sac, un téléphone,
de vieilles baskets usés d'avoir marché dans la neige,
quelques dollars froissés pour les vautours,
une cigarette partagée,
ils sont comme des ombres sur les trottoirs de nos villes,
Chacun de nous fixe le clair de lune
des larmes doivent nous venir aux yeux.
Cette nuit notre voeu d'un toit ensemble
fait de cinq lieux
un seul lieu dans le coeur.
Po Chü-i. Chine 9ème s.
Et tous,
engloutis, éparpillés, ballotés,
devant:
lune se levant au-dessus des vagues,
cachée par les ponts d'autoroute,
blottie dans les nuages au Col de l'Echelle,
font un voeu ce soir,
sans doute le même, toujours le même
"Si nous pouvions nous retrouver
et vivre en paix ensemble..."
Guerre après guerre après guerre...
Quand la guerre a-t-elle jamais pris fin?
Lulena
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