J'avais
fait cet article en juillet 2013. Déjà, nous savions, les boutiques
brûlées, les déplacements forcés, les camps, les assassinats.
Loin de s'apaiser la situation a empiré.
Certains bouddhistes, certains moines font monter la colère.
En attisant la peur née de l'ignorance.
" Le pouvoir a instrumentalisé le bouddhisme pour consolider son processus d'unité nationale", rappelle Alexandra de Mersan, anthropologue spécialiste de la Birmanie, à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Principale cible de cette politique discriminatoire, la communauté des Rohingyas. Ces musulmans d'origine bengalie, dont 800 000 peuplent l'État de l'Arakan, au nord-ouest du pays, ont été déchus de la citoyenneté en 1982. "Ils n'ont pas d'État et sont arbitrairement considérés comme des étrangers, ce qui est faux", assure au Point.fr Phil Robertson, chercheur à Human Rights Watch.
Extorsion de leurs terres, difficultés à se marier ou interdiction d'étudier, les Rohingyas sont, d'après l'ONU, la "minorité la plus persécutée au monde". Si elle fait tout pour les forcer à quitter la Birmanie, quitte à les placer dans des camps aux conditions de vie misérables, la junte militaire va en parallèle attiser chez les habitants de l'Arakan (les Arakanais) une véritable haine anti-Rohingyas. "Il s'est développé chez eux une réelle peur par méconnaissance de l'islam", raconte Alexandra de Mersan. "Les Arakanais ont notamment été très choqués par la destruction par les talibans des Bouddhas de Bâmiyân, en mars 2001 en Afghanistan, mais aussi par le 11 Septembre, dont les images ont été allègrement diffusées par la télévision birmane." Le Point
En tant que bouddhistes, nous devons rappeler que la violence, toute violence est inacceptable.
Que la colère et la peur sont des poisons, qu'ils obscurcissent l'esprit, au point de perdre toute humanité.
Nous souhaitons que les bouddhistes birmans rappellent ces vérités à leurs frères et soeurs.
Et nous étendons des pensées de bienveillance et de compassion sur tous les habitants de ce pays, sans distinction.
Lulena
À nos frères et sœurs bouddhistes du Myanmar,
Nous, responsables bouddhistes mondiaux, tenons à exprimer notre bienveillance et notre préoccupation pour les difficultés auxquelles la population du Myanmar est actuellement confrontée. Bien qu'il s'agisse d'un moment de grand changement positif pour le Myanmar, nous sommes préoccupés par la montée des violences ethniques et les attaques ciblées contre les musulmans dans l'État de Rakhine et par la violence à l'encontre des musulmans et d'autres communautés dans l'ensemble du pays. Les Birmans sont un peuple noble, et les bouddhistes birmans portent en eux une longue histoire du respect du dharma [l'enseignement du Bouddha]. Nous tenons à réaffirmer au monde les principes bouddhistes les plus fondamentaux de non-violence, de respect mutuel et de compassion et à vous soutenir dans leur exercice. Ces principes fondamentaux enseignés par le Bouddha sont au cœur de toute pratique bouddhiste : les enseignements bouddhistes sont fondés sur les préceptes de ne pas tuer et de ne blesser quiconque. Ils sont fondés sur la compassion et le soin mutuel. Ils respectent chacun quelle que soit sa classe sociale, sa caste, sa race ou sa croyance. Nous sommes avec vous pour défendre courageusement ces principes bouddhistes, quand d'autres voudraient diaboliser ou nuire aux musulmans ou à d'autres groupes ethniques. Ce n'est que dans le respect mutuel, l'harmonie et la tolérance que le Myanmar peut devenir une grande nation moderne profitable à tous et un formidable exemple pour le monde. Que vous soyez un sayadaw [un vénérable], un jeune moine, une jeune moniale, ou que vous soyez un bouddhiste laïc, s'il vous plaît, parlez, levez-vous, réaffirmez ces vérités bouddhistes, et soutenez chaque personne du Myanmar avec la compassion, la dignité et le respect offerts par le Bouddha.
Soyez assurés de notre soutien dans le Dharma.
En anglais:
Face à la violence.
Loin de s'apaiser la situation a empiré.
Certains bouddhistes, certains moines font monter la colère.
En attisant la peur née de l'ignorance.
" Le pouvoir a instrumentalisé le bouddhisme pour consolider son processus d'unité nationale", rappelle Alexandra de Mersan, anthropologue spécialiste de la Birmanie, à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Principale cible de cette politique discriminatoire, la communauté des Rohingyas. Ces musulmans d'origine bengalie, dont 800 000 peuplent l'État de l'Arakan, au nord-ouest du pays, ont été déchus de la citoyenneté en 1982. "Ils n'ont pas d'État et sont arbitrairement considérés comme des étrangers, ce qui est faux", assure au Point.fr Phil Robertson, chercheur à Human Rights Watch.
Extorsion de leurs terres, difficultés à se marier ou interdiction d'étudier, les Rohingyas sont, d'après l'ONU, la "minorité la plus persécutée au monde". Si elle fait tout pour les forcer à quitter la Birmanie, quitte à les placer dans des camps aux conditions de vie misérables, la junte militaire va en parallèle attiser chez les habitants de l'Arakan (les Arakanais) une véritable haine anti-Rohingyas. "Il s'est développé chez eux une réelle peur par méconnaissance de l'islam", raconte Alexandra de Mersan. "Les Arakanais ont notamment été très choqués par la destruction par les talibans des Bouddhas de Bâmiyân, en mars 2001 en Afghanistan, mais aussi par le 11 Septembre, dont les images ont été allègrement diffusées par la télévision birmane." Le Point
En tant que bouddhistes, nous devons rappeler que la violence, toute violence est inacceptable.
Que la colère et la peur sont des poisons, qu'ils obscurcissent l'esprit, au point de perdre toute humanité.
Nous souhaitons que les bouddhistes birmans rappellent ces vérités à leurs frères et soeurs.
Et nous étendons des pensées de bienveillance et de compassion sur tous les habitants de ce pays, sans distinction.
Lulena
Texte de l'appel signés par les grands dirigeants bouddhistes mondiaux:
À nos frères et sœurs bouddhistes du Myanmar,
Nous, responsables bouddhistes mondiaux, tenons à exprimer notre bienveillance et notre préoccupation pour les difficultés auxquelles la population du Myanmar est actuellement confrontée. Bien qu'il s'agisse d'un moment de grand changement positif pour le Myanmar, nous sommes préoccupés par la montée des violences ethniques et les attaques ciblées contre les musulmans dans l'État de Rakhine et par la violence à l'encontre des musulmans et d'autres communautés dans l'ensemble du pays. Les Birmans sont un peuple noble, et les bouddhistes birmans portent en eux une longue histoire du respect du dharma [l'enseignement du Bouddha]. Nous tenons à réaffirmer au monde les principes bouddhistes les plus fondamentaux de non-violence, de respect mutuel et de compassion et à vous soutenir dans leur exercice. Ces principes fondamentaux enseignés par le Bouddha sont au cœur de toute pratique bouddhiste : les enseignements bouddhistes sont fondés sur les préceptes de ne pas tuer et de ne blesser quiconque. Ils sont fondés sur la compassion et le soin mutuel. Ils respectent chacun quelle que soit sa classe sociale, sa caste, sa race ou sa croyance. Nous sommes avec vous pour défendre courageusement ces principes bouddhistes, quand d'autres voudraient diaboliser ou nuire aux musulmans ou à d'autres groupes ethniques. Ce n'est que dans le respect mutuel, l'harmonie et la tolérance que le Myanmar peut devenir une grande nation moderne profitable à tous et un formidable exemple pour le monde. Que vous soyez un sayadaw [un vénérable], un jeune moine, une jeune moniale, ou que vous soyez un bouddhiste laïc, s'il vous plaît, parlez, levez-vous, réaffirmez ces vérités bouddhistes, et soutenez chaque personne du Myanmar avec la compassion, la dignité et le respect offerts par le Bouddha.
Soyez assurés de notre soutien dans le Dharma.
Traduction:
E.Rommeluère.
http://zen.viabloga.com/news/le-bouddhisme-incite-t-il-aussi-a-la-non-violence
http://zen.viabloga.com/news/le-bouddhisme-incite-t-il-aussi-a-la-non-violence
En anglais:
Face à la violence.
Il
y a des mots incompréhensibles, et des mots qui font mal à
entendre : « nationalistes bouddhistes »,
« attentats bouddhistes », « crimes
bouddhistes »...
Bien
sûr, personne ne peut croire que les bouddhistes soient exempts des
défauts et des faiblesses humaines ; l'enseignement du Bouddha
sur les Quatre Nobles Vérités nous rappelle que les poisons de la
haine, de l'avidité et de l'ignorance sont présents chez tous les
êtres humains ; c'est exactement ce dont nous devons prendre
conscience chez nous-mêmes.
Déjà,
on avait vu lors de la guerre au Sri Lanka, ces actes terribles, ces
actes qui nous blessent et blessent toute la Sangha. D'autres moines,
d'autres laïcs bouddhistes avaient refusé que la Voie du Bouddha
serve d'excuse, ou de prétexte, à des exactions et à des crimes.
« Confronté
dès 1983 à la guerre civile entre les tamouls et le gouvernement
cinghalais appuyé sur une grande part du clergé bouddhiste, le
mouvement Sarvodaya s'oppose aux mensonges d’État et à la
propagande, s'occupe de camps de réfugiés et organise
des « Maha-Shanti» : grandes méditations pour la
paix réunissant toutes les religions et toutes les ethnies du Sri
Lanka, pour dit-il « changer la psycho-sphère ». La
première, symboliquement, fut organisée sous un arbre né d'une
bouture de l'Arbre de l’Éveil, rapportée au Sri Lanka au 2ème
siècle avant notre ère, afin de bien affirmer que le bouddhisme ne
peut être qu'un mouvement de paix. La seconde rassembla 650.000
personnes dans un grand silence. « Ceci, dit le Dr
Ariyaratne, fondateur, est le son de non-explosion des bombes, le son
des mines qui n’éclatent pas, des fusils qui ne tirent pas.» »(
ACAT, 1er trimestre 2013)
Aujourd'hui,
c'est au Myanmar ( Birmanie) que des moines, des « bikkhus »
appellent à détruire, à incendier et à tuer.
Aujourd'hui,
ce sont d'autres bikkhus – et bikkhunis- qui leur rappellent, dans
l'urgence, avec douceur et fermeté, le premier enseignement du
Bouddha : « La haine ne peut être vaincue par la haine,
la haine ne peut être vaincue que par l'amour ».
Nous peinons tous à mettre ces mots en pratique, nous avons tous envie d'être en colère après quelqu'un, et le piège aujourd'hui serait justement de détester à notre tour ceux qui nous obligent à nous confronter à des actes intolérables perpétués, ou inspirés, par des « bikkhus ». Nous devons vaincre notre propre violence, et aider les autres à faire de même.
Nous peinons tous à mettre ces mots en pratique, nous avons tous envie d'être en colère après quelqu'un, et le piège aujourd'hui serait justement de détester à notre tour ceux qui nous obligent à nous confronter à des actes intolérables perpétués, ou inspirés, par des « bikkhus ». Nous devons vaincre notre propre violence, et aider les autres à faire de même.
C'est
le sens de l'appel signé des grands leaders bouddhistes toutes
traditions confondues ci-dessus :cet appel a été
publié dans plusieurs journaux birmans ; la lettre de Jack
Kornfield que vous lirez plus bas en est l'introduction.
Espérons
que ces hommes en robe safran, aveuglés par l'ignorance, emportés
par la haine, remettront leurs pas dans les pas du Bienheureux.
Espérons
que le karma qu'ils créent par leurs actes les conduira un jour vers
la lumière...Lulena
NE
LAISSEZ PAS FAIRE
La
Birmanie, désormais appelée Myanmar, est en pleine mutation. Ce
pays, encore dirigé il y a peu d’une main de fer par une
impitoyable junte militaire, s’ouvre aujourd’hui à un réel élan
de liberté et de démocratie. Après 17 ans d’emprisonnement, Aung
San Suu Kyi a pu quitter sa résidence surveillée, porteuse
d’un esprit de metta et de dignité qui laisse pantois. Le
Président Obama s’est lui-même rendu récemment en Birmanie, où
il a livré un discours fort, sage et encourageant. Quoi de plus
réjouissant que ces photos de Barack Obama, Aung San Suu Kyi et
Hillary Clinton souriant côte à côte ?
Cela
étant, il arrive, lorsque les dictatures sont abolies, que des
tensions ethniques anciennes, non résolues, fassent leur
réapparition. Et les conflits comme ceux-là sont nombreux en
Birmanie. Les pires exemples qui nous en soient revenus récemment
font état de terribles persécutions et actes de violence à l’égard
de musulmans, et plus particulièrement des populations Rohingya qui
vivent près de la frontière du Bangladesh. A notre grande
horreur, certains moines et chefs de temples bouddhistes ont
encouragé ces violences. Et d’autres ont eu peur de les
condamner.
Préoccupés,
quelques enseignants occidentaux et moi-même avons rédigé une
lettre ouverte aux moines et aux nonnes birmans et avons obtenu de
nos amis responsables bouddhistes mondiaux qu’ils y souscrivent.
Cette lettre a été publiée dans plusieurs des journaux birmans les
plus lus. Il s’agit d’un appel empreint de bienveillance, qui,
témoignant de notre profonde inquiétude, remémore aux bouddhistes
birmans le noble héritage du Dharma qu’ils ont reçu et réaffirme
les principes de la non-violence, de la compassion et du respect
mutuel. « Défendez ces vérités », tel est notre
message.
Nous
devons tous, de temps à autre, nous voir rappeler nos engagements
et, en tant qu’amis du peuple birman, nous tenons à soutenir ce
qu’il y a de meilleur et de plus beau dans la tradition bouddhiste
birmane, à l’heure où ce peuple travaille d’arrache-pied pour
réussir la transition d’un demi-siècle de répression vers une
authentique liberté. Nous lui souhaitons beaucoup de succès dans
son entreprise et lui dédions nos prières.J.Kornfield
Traduction :
Françoise Myozen
-Ven.
Thich Nhat Hanh
Nobel Peace Prize Nominee Vietnam
-Ven.
Bhikkhu BodhiNobel Peace Prize Nominee Vietnam
President Buddhist Global Relief, (world's foremost translator of the Pali Canon)
Sri Lanka/USA
-Dr. AT Ariyaratne Founder Nationwide Sarvodaya Movement
Ghandi Peace Prize Laureate Sri Lanka
-Ven. Chao Khun Raja Sumedhajahn Elder, Ajahn Chah Monasteries
Wat Ratanavan, Thailand
-Ven. Phra Paisal Visalo
Chair Buddhika Network Buddhism and SocietyThailand
-Ven. Arjia Rinpoche VIII
Abbot Tibetan Mongolian Cultural Center Mongolia/USA
-Ven. Shodo Harada Roshi Abbot Sogenji Rinzai Zen Monastery Japan
-Achariya Professor J Simmer Brown Chairperson Buddhist Studies
Naropa Buddhist University USA
-Ven. Ajahn Amaro Mahathera Abbot Amaravati Vihara England
-Ven. Hozan A Senauke International Network of Engaged Buddhists Worldwide
-Younge Khachab Rinpoche VIII Abbot Younge Drodul Ling Canada
-Ven. Sr. Thich Nu Chan Kong President Plum Village Zen temples France/Vietnam
-Dr. Jack Kornfield Vipassana Achariya Convener Western Buddhist Teachers Council
USA
-Lama Surya Das Dzogchen Foundation International Vajrayana Tibet/USA
-Ven. Zoketsu N. Fischer Soto Roshi Fmr. Abbot largest Zen community in the West
USA/Japan
-Tulku Sherdor Rinpoche Director BI. Wisdom Institute Canada
-Professor Robert Tenzin C. Thurman Center for Buddhist Studies
Columbia University USA
-HH the XIV Dalai Lama
Nobel Laureate Tibet/India
Bien qu'il n'ait pu être joint à temps pour signer cette lettre, Sa Sainteté a, à de nombreuses reprises, publiquement exprimé son inquiétude pour les musulmans Rohingya du Myanmar. Il a pressé chacun de continuer la pratique de la non-violence, et de conserver l'harmonie religieuse qui est au centre de notre culture, ancienne et respectée .
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