Chaque instant est un instant de plénitude.
L'événement
par excellence, c'est la vie ; et la vie, c'est l'événement
par excellence.
L'événement
par excellence est cet instant de plénitude où il n'est rien qui ne
soit entièrement pénétré par la naissance ; où il n'est
rien qui ne soit entièrement pénétré par la mort.
Il
est cette ouverture spontanée où la naissance et la mort
s'accomplissent spontanément sans se faire obstacle.
Cet
instant même est celui de l'ouverture de la nature entière.
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Bodh Gaya Photo: Jérôme |
La
vie , maintenant, c'est l'ouverture spontanée de la nature entière.
L'ouverture spontanée de la nature entière, c'est la vie,
maintenant. La vie ne vient pas, la vie ne s'en va pas. La vie
n'apparaît pas, la vie ne devient pas. Et pourtant la nature entière
apparaît à chaque instant, la nature entière meurt à chaque
instant.
Nous
sommes un nombre incalculable d'actes et de pensées. Sachez bien
qu'en chacun d'eux, il y a la naissance, il y a aussi la mort.
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Photo: Jérôme |
Faites
le calme en vous et réfléchissez à ce qui s'opère en ce moment.
Peut-on dire, oui ou non, que toutes les choses qui s'y présentent
sont ensembles, et toutes ensemble, avec la vie ?
Il
n'y a pas un seul instant, il n'y a pas une seule chose qui soient
séparés de la vie. Il n'y a pas un seul phénomène, il n'y a pas
une seule pensée qui soient séparés de la vie.
Le Maître de
méditation Yuanwu dit : « La nature entière naît à
chaque instant. La nature entière meurt à chaque instant.»
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Photo: Jérôme |
(…)
Le principe selon lequel « La nature entière naît à chaque
instant » n'a ni commencement ni fin, il enveloppe à la fois la
terre immense et le grand ciel vide. Selon ce principe, non seulement
la nature naît à chaque instant, mais aussi la nature meurt à
chaque instant.
L'instant
où « la nature meurt » engage la terre immense, et le
grand ciel vide n'est pas seulement l'instant où la nature meurt,
c'est aussi l'instant où la nature naît. Ainsi peut-on dire que la
naissance ne fait pas obstacle à la mort, que la mort ne fait pas
obstacle à la naissance.
La
terre immense et le grand ciel vide naissent et meurent.
Cela
ne signifie pas que la terre immense et le grand ciel vide naissent
et meurent séparément à des moments différents.
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Photo: Marianne Jonen |
(…)
Ainsi peut-on dire que la naissance pénètre tout ce qui est à
chaque instant, que la mort pénètre tout ce qui est à chaque
instant. Le sans-naissance et le sans-mort, c'est la nature entière
[ qui naît et qui meurt] à chaque instant. La nature entière,
c'est la naissance, la nature entière, c'est la mort à chaque
instant.
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Photo: Marianne Jonen |
(…)
Entièrement happés par le moment présent, la pensée qu'il y a eu
d'autres moments présents dans le passé ne nous atteint pas. Et
pourtant, il y en eut bel et bien, et chacun de ces moments fut un
moment où la nature entière disparut dans son apparition.
Que
la nature entière ait disparu dans son apparition dans le passé
n'empêche pas que la nature entière disparaisse dans son apparition
maintenant.
C'est ainsi que chaque instant est le tout premier.
C'est ainsi que chaque instant est le tout premier.
Shobogenzo
Zenki : chaque instant est un instant de plénitude
trad.C.Vacher
éd. Encre Marine
Comment oser commenter M°Dogen ? Impossible ! juste lire, relire, méditer, relire et relire encore...
RépondreSupprimerMais...est-ce que le "maître de l'instant", Sören Kierkegaard (1813-1955) connaissait les écrits de M° Dogen ?...un petit extrait :
.../..."Le temps est donc la succession infinie ; la vie vécue dans le temps et relevant simplement du temps n'a pas de présent.
Sans doute, pour caractériser la vie sensible, l'on dit communément qu'elle est dans l'instant. On entend alors par instant l'abstraction de l'éternel, qui, si elle se donne pour le présent, en est la parodie.
Le présent est l'éternel ou plutôt l'éternel est le présent, et le présent est la plénitude.
C'est en ce sens que le latin disait de la divinité qu'elle est praesens, et en lui appliquant ce mot, il désignait en même temps son puissant secours.
L'instant désigne aussi le présent sans passé ni avenir ; c'est en cela que consiste l'imperfection de la vie sensible.
L'éternel désigne aussi le présent sans passé ni avenir, et c'est en cela que consiste la perfection de l'éternel"..../...
Kierkegaard_ Le concept d'angoisse
chaque jour, la lecture de quelques lignes de Maitre Dogen... et ce soir en ouvrant le blog, les mots lus hier soir... Joie ! Merci. M.
RépondreSupprimerEtre dans le suribachi
RépondreSupprimerchaque graine de sésame grillé
qui crépite avec le grain de sel,
être dans la marmite
chaque grain de riz
qui éclate au coeur de la genmaï,
la forme est le vide, le vide est la forme ?
quelle bonne odeur !
"Si elle existe vraiment, l'unité n'existe que dans la plénitude sans but du présent, quand celui-ci n'est pas vécu comme un instrument du futur"
RépondreSupprimerJeanne Hersch (1910-2000) dans Temps Alternés_1942