dimanche 22 décembre 2019

Qui connaît l'amour... ? Chanson de Noël




Qu'est-ce que l'amour?
Qui connaît l'amour?
 
C'est un refrain qui court les prés et les rues, les places et les champs, porté par le vent, encouragé par le bruit des talons toc!toc ! sur la chaussée des grandes villes. Il résonne dans le chant des gouttes de pluie floc ! floc ! qui tombent sur le bassin dans la cour, il s'amuse cot!cot ! dans les gloussements des poules qui appellent leurs poussins. 

C'est une chansonnette de printemps, de jonquilles et de genêts, de mystères et de sourires. C'est un refrain d'hiver, un voile de neige sur les pins, un soleil pâle et un parfum de feu de bois...
 
Oui, une question de tous temps et de tous lieux, et pourtant à laquelle nul ne saurait répondre – ou alors seulement les enfants, eux qui ont encore la tête pleine de nuages, de secrets et d'aventures, le cœur libre de toute peur, et qui savent venir vers vous en toute confiance.

Qu'est-ce que l'amour?
Qui connaît l'amour?
 
«  C'est, dit le premier, une voix, d'abord, qui entoure, qui fredonne, et qui réchauffe.

- C'est, dit un autre, une ombre, un parfum, qui passe, puis revient. Un parfum qui reste même lorsque l'ombre s'éloigne.

- Moi, je le sais, dit un rêveur, quand je regarde les oiseaux : comme ils volent, tête dressée, toutes plumes dehors; comme ils chantent, petit bec et gorge gonflée ; comme ils dansent, si légers, si fragiles.

-  Non, l'amour, c'est trop grand pour un oiseau, c'est trop fort pour une chanson, c'est trop vaste, même pour un matin de printemps.

- Pas du tout, répond celui qui s'était assis un peu à l'écart, c'est la chanson même du matin de printemps où le cœur est aussi immense que la prairie, c'est le souffle du vent qui décoiffe les pivoines et fait trembler les pins, et nous fait avancer, plus loin, plus haut...

- C'est ce qui est avant la chanson et le printemps, dit une fillette au regard sérieux, c'est ce qui se tient dans l'ombre comme dans le soleil.

- Et pourtant, interrompt une petite blondinette rougissante, même une minuscule fleur blanche cachée dans l'herbe...
 
Ils cherchaient, ces enfants, ils cherchaient des mots pour ce qui ne peut se dire; ils voulaient trouver une réponse plus grande qu'eux-mêmes, car ils savaient bien qu'ils ne pouvaient pas tenir l'amour dans leurs mains fragiles.

 Ils n'ignoraient pas qu'il ne fallait surtout pas faire de l'amour une chose précieuse, comme un beau caillou, ou une feuille aux nervures délicates, qu'on admire et qu'on emporte pour la garder, pour l'avoir à soi tout seul. Un trésor enfoui dans la poche, perdu dans un tiroir, qu'on ressort un jour en se demandant pourquoi on avait ramassé ce vieux caillou, cette feuille toute abîmée. Une chose inutile qu'il ne reste plus qu'à jeter, pour faire de la place aux découvertes de la journée. 

Non, l'amour, ils le pressentaient, demandait à être mesuré à une aune différente, celle de l'âme, de l'infini, de la création et du rêve.

Qu'est-ce que l'amour?
Qui connaît l'amour?
 
Dans la lueur bleutée qui annonce l'aube, dans les jeux du soleil sur la fontaine, dans la gaieté des moineaux qui picorent les miettes de croissant sur le bitume, revient cette ballade à laquelle chacun doit donner sa réponse...

« Moi, je sais, je sais » sautille le plus petit d'entre eux, doigt levé, essayant de se faire voir au milieu des grands, la mèche en bataille, le regard clair :« L'amour, c'est quand la nuit on ferme les yeux, et qu'on n'a pas peur ».

Et le sourire qui l'illumina fit résonner l'amour dans le monde entier.

Qu'est-ce que l'amour?
Qui connaît l'amour...





lundi 16 décembre 2019

L'absolu du grain de riz





Notre pratique

est de reconnaître 

la signification de tout ce qui est

- même un grain de riz ou un peu d'eau



Exprimer un respect total pour un grain de riz

c'est exprimer

un respect total 

pour le Bouddha



Alors vous comprendrez

que ce grain de riz

est l'absolu


M° Dogen



                Nossa prática                  

É reconhecer

O significado

De tudo o que é

-mesmo um grão de arroz ou um pouco de água


Expressar um respeito total

por um grão de arroz

é expressar um respeito total

a Buda


Assim você compreenderá

que este grão de arroz

é o absoluto.



Mestre Dogen


Trad. français: Lulena; portugais : Laura

lundi 9 décembre 2019

En flânant


 
 
 
 

Avancer en flânant. 
 Pas de hâte  
 Pas de lenteur 
Juste un petit peu sur le côté. 
Juste là
Doucement 
Et pourtant 
Le chemin change et tourne
Et revient et avance
En flânant . 
 
 
Lulena

samedi 30 novembre 2019

Sous l'Arbre de l'Eveil: récit

 JODO-E: le 8 décembre:
commémoration de l'Illumination du Bouddha.


Retrouvez le récit de l'Eveil du Bouddha : textes classiques, questionnement et commentaires, illustrations par la Sangha de Joshin Sensei :



Mot de passe : Daishin




Dans les temples Zen, la journée du 8 décembre vient clore une semaine de pratique de l’assise ( zazen) intensive, rappelant la pratique
de Shakyamouni Bouddha sous l'arbre de l’Éveil.

"Ayant terminé son repas,- un bol de lait de buffle offert par la jeune gardienne du troupeau-  le renonçant Gotama pénétra dans une forêt de shorea robusta (espèce de saule) située près de la rivière, dans laquelle il pratiqua  tout l’après-midi. 
En cette fin de mercredi de pleine lune d’avril de l’an 103 de la Grande ère, le futur Bouddha alla s’installer sous un banian : l’arbre de la bodhi
Avant d’y arriver, il croisa Sotthiya, un coupeur d’herbe. 
Empli d’une profonde admiration, Sotthiya voulut lui offrir quelque chose. Comme il n’avait rien d’autre que l’herbe qu’il transportait sur son épaule, il lui en offrit huit gerbes. Parvenu devant l’arbre de la boddhi, le noble renonçant y étala les huit gerbes d’herbes sur le côté est de l’arbre.


 À ce moment précis, un grand trône, nommé Aparājita (le trône de la victoire), d’environ 7 mètres, se dressa de dessous terre, à 4 coudées de l’arbre, juste à l’endroit où l’ascète Gotama posait les gerbes.
Le futur Bouddha s’assit, jambes repliées, sur le trône dressé spécialement pour lui.


Il prit alors une décision irréversible :

« Quoi qu’il advienne de ce corps, que la chair et le sang sèchent de sorte à ne laisser que les os, la peau et les tendons ; puissé-je ne pas me lever de cet endroit tant que je ne serai pas parvenu au stade de bouddha. » "
d'après http://www.dhammadana.org/bouddha/eveil.htm

"Juste avant d'actualiser l’Éveil, le jeune Siddharta assis sous l'Arbre de la Bodhi, subit la menace des armées de Mara, le prince des démons. Personnification de l'ignorance, du désir, de l'attachement, et des passions qui divisent, Mara, sentant son pouvoir tomber, lance ses armées à l'assaut de Siddharta...





Il cherche à le déstabiliser en suscitant en lui la crainte de la mort. Simultanément, des cohortes de femmes splendides, incarnant l'avidité insatiable, la luxure et l'insatisfaction, essaient de le séduire dans l'espoir de stimuler un désir enfoui qui ne demanderait qu'à se réveiller. 

Sentant sa victoire toute proche, Siddharta touche le sol de sa main droite, prenant ainsi la terre à témoin des mérites accomplis au cours de ses multiples existences. En signe d'approbation, elle se met à trembler. 
"Lorsque est apparue l'étoile du matin, j'ai réalisé la Voie avec la vaste terre et tous les êtres vivants..." Bouddha Shakyamuni

















"Lors de son Eveil, le Bouddha perçut la présence de plusieurs êtres dans son propre corps: des vies organiques et inorganiques, des minéraux, des mousses, des herbes, des insectes, des animaux et aussi des humains. Il vit qu'au même instant d'autres êtres le contenaient également et eut la vision de ses propres vies passées, de toutes ses naissances et de toutes ses morts.
  Il assista à la création et à la destruction de milliers de mondes et d'autant d'étoiles. Il ressentit les joies et les peines de chaque être vivant, nés d'une mère, d'un oeuf, de la fission... se divisant eux-mêmes à leur tour en de nouvelles créatures. 
Chaque cellule de son corps contenait le Ciel et la Terre, et voyageait à travers les trois temps: le passé, le présent et le futur. (...)

 
Il vit d'innombrables mondes naitre et s'évanouir, de multiples êtres connaître des milliards de naissances et de morts.  
Il réalisa que ces évènements n'étaient que des apparences extérieures et irréelles, semblables aux millions de vagues se formant et disparaissant à la surface de la mer éternelle. Si les vagues comprenaient qu'elles ne sont que de l'eau, elles dépasseraient les notions de naissance et de mort et connaîtraient la véritable paix intérieure, se débarrassant ainsi de toute peur. 
 Cette révélation permit à Gautama de transcender le cycle de la naissance et de la mort, et il sourit. 
Son sourire était pareil à une fleur s'épanouissant dans cette nuit profonde qui s'illumina d'un halo de lumière. 
C'était le sourire de la compréhension sublime, l'intuition de la purification de toutes les souillures, la félicité de l'unité avec le Tout..."
D'après http://naturalezadorada.skyrock.com/2505952389-L-Eveil-du-Bienheureux.html 



    
 8 Décembre: un sourire, les mains en gassho...
une assise, au pied de l'Arbre de l'Eveil....
la joie de marcher ensemble dans cette Voie

                   le coeur plein de reconnaissance... 

Photos: Yvon/Anne - Soto Shu- naturalezadorada.skyrock.com- 
220px-Bouddha_Bhûmisparsha-Mudra - dhammadana.org- Boston Globe (2)-
naturalezadorada.skyrock.com- Yvon/Anne.

mardi 19 novembre 2019

Je suis un arbre


Je suis un arbre les

désirs sont mes feuilles

étalées à tout vent

tombant, poussant

tombant

et repoussant


feuilles vertes bourgeons feuilles fanées

au gré

des jours

changent de couleur

se recroquevillent

et flétrissent

ou poussent encore et encore et mangent tout le soleil



je suis un arbre

accrochée

par mes

racines - 

je creuse la pierre,

vacille dans le vent -


entre deux précipices

suspendue

au-dessus d'un

torrent bouillonnant



je suis un arbre

sous l'écorce de mes

cicatrices

rides concentriques d'années

d'hivers

de froid

de pluie



je suis un arbre

la lumière

m'effleure

disparaît

me fait grandir

se cache – mes

branches tirées

vers elle -



je suis lumière










Illustration: Lulena


mardi 12 novembre 2019

Comprendre intimement, corps et esprit


L’apparence des montagnes est complètement différente quand nous sommes dans le monde regardant les montagnes à distance et quand nous sommes dans les montagnes rencontrant les montagnes.

La nature de la montagne est complètement différente quand nous nous sommes séparés d’elle en tant qu’observateurs, et quand nous sommes la montagne avec notre corps et esprit en entier. 

Quand nous sommes intimes avec quelque chose, cette chose n’existe plus et nous non plus. Il n’y a aucune façon d’en parler, de la juger, l’analyser ou la classer par catégorie. Cela remplit l’univers entier.


Maître Dôgen dit : « Ecouter les sons avec son corps et esprit entier, voir les formes avec son corps et esprit entier, on les comprend intimement. » 

Comprendre intimement ne veut pas dire obtenir une information. L’intimité est la demeure des grands sages. 


C’est la réalisation, un saut d’un quantum de conscience dans laquelle notre façon de se percevoir soi-même et l’univers change radicalement et une nouvelle façon impérative commence à guider nos actions.
Dans le Zen, nous disons que l’éveil sans la morale n’est pas encore l’éveil, et que la morale sans l’éveil est n’est pas encore la morale. D’un côté, nous avons le danger de la sagesse qui manque de compassion. 
Comme Gary Snyder a dit une fois : « La sagesse sans compassion ne ressent pas la peine. » 

D’un autre côté, nous avons la compassion sans sagesse, qui devient essentiellement faire le bien. Bien sûr, faire le bien est précieux. Mais faire le bien est différent de réaliser la compassion. C’est seulement faire le bien. 

Quand nous faisons le bien, nous devrions examiner avec soin qui ou qu’est-ce qui est servi par nos actes. Faire le bien demande un sens de soi – il y a quelqu’un qui va aider quelqu’un d’autre. 




Dans la compassion, il n’y a pas de soi, pas d’autre, pas d’auteur de l’action ni rien qui ne soit fait. En définitive, la compassion dépend de la sagesse, et la sagesse dépend de la compassion. 
 


Quand nous soulevons l’un, nous soulevons les deux.

Le bodhisattva Manjushri et le bodhisattva Samantabhadra – qui représentent la sagesse et la compassion – sont toujours assis ensemble de chaque côté de la statue du Bouddha sur l’autel de la salle du Bouddha dans un monastère Zen. 
La sagesse est la compassion ; la compassion est la sagesse. 


Mais bien que nous disions qu’ils sont les deux faces de la même réalité, ils ne peuvent même pas commencer à fonctionner dans nos vies tant que nous ne reconnaissons pas que nous sommes responsables de toute la catastrophe.



J. Daidoo Lori Roshi commentaires sur
M° Dogen: Soutra des montagnes et rivières

mercredi 6 novembre 2019

Notre nom: Voyageur




Notre nom : Voyageur







J’ai lu un livre récemment, que j’avais d’abord choisi pour son titre : « Éloge des vagabondes » de G. Clément


Il parle de ces plantes qui viennent d’ici ou de là, qui s’installent, enrichissent nos paysages, prennent racine, et deviennent nôtres.





Et de nous, êtres humains, qu’en est-il ?


Notre nom à tous et à toutes est "Voyageur", dans cette vie de la naissance à la mort, ou, comme le disent les textes, dans une ronde incessante, la ronde du samsara,  " d'utérus en utérus"...


Voyageurs, nous avons prospéré, nous avons marché sur la terre, petits groupes errants, se rencontrant, se côtoyant, échangeant, apprenant des autres, emmenant les nouvelles techniques, les nouvelles pensées, les nouveaux faires...




Puis nous nous sommes installés, et nous les avons regardés d'un oeil méfiants, eux, les errants, les nomades, les sans-feux et sans-lois.



Nous croyons que nous sommes arrêtés aujourd'hui dans nos villes de pierre, et voilà, d'autres, hommes et femmes,  qui arrivent, effrayés, persécutés, poussés, par la guerre, par d'autres hommes, par le sec, par la misère, attirés par nos lumières, nos richesses, notre paix: 
 nos maisons douillettes, le calme du soir, le pain doré, les champs en fleurs, les rencontres simples et les sourires.





« On ne peut rien contre le vent... »


Le vent des bombes et le vent de la peur, le vent qui porte les cris et les pleurs, le vent qui les chasse alors même qu'ils voudraient rester chez eux, et juste vivre...



Voyageurs, avec un petit sac de misère, des enfants transis, la fatigue d'une vie, le désespoir des abandons, la peur de ces lieux inconnus, des ces langues ignorés, de ces barrières, de ces barbelés, de cette mer impitoyable, de ces uniformes, de ces armes - oui ici aussi, des armes, des cris, de la violence - 




Voyageurs, dans la boue et dans la pluie, au-delà des larmes et de la fatigue, partis animés d'une étincelle d'espoir qui s'est éteinte au fil des jours et des nuits, au fil des regards qui se détournent, du secours qui ne vient pas, des refus, des contrôles, de la nuit du coeur.


Nous avons oublié que nous aussi sommes des voyageurs, que nés ici, installés ici, nous avons aussi à laisser de la place, une place, à ceux qui arrivent, qui apportent de nouveaux regards, de nouveaux savoirs, de nouvelles paroles.



Et nous aussi, voyageurs, ne perdons pas la coutume : la main qui se tend, le verre d’eau qui désaltère, le toit qui protège, le sourire qui accueille...


Lulena 








Eloge des vagabondes: 

Renouée du japon, rhubarbe du Tibet , grande berce du Caucase, pavot de Californie. 

Portées par le vent, par les animaux ou sous la semelle de nos souliers, les plantes vagabondes ont conquis, avec témérité et vitalité, nos jardins, nos talus, nos friches.

Elle n'ont pas bonne presse, on les appelle mauvaises herbes...
 

Gilles Clément
  
Illustrations :
 danslamaisondefrancoise, auffargis, bulledemanou, jardinage.lemonde, vielajoie, naturosympathie, tanzamay

mercredi 30 octobre 2019

Même en plein jour!



Même en plein jour!
Se peut-il que le temple
soit plein de sorcières...? 

 



Veille de Toussaint
On rassemble les bougies -
Les citrouilles tremblent.



 Lulena et la Demeure sans Limites...

Photos Toen Ni

La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...