mercredi 21 décembre 2016

Aimer Paris en décembre








Sûrement à cause du fleuve,
peut-être parce que sur une île;
pour la couleur de la pierre,
parce que j'y vois encore les traces 
de tant d'heures, d'années, 
de tant d'hommes au travail, de sueur, de misère, et de joie quand se forme la voûte, 
 de passion - ces arcs-boutants qu'on n'avait jamais vus,
cette provocation,
tous ces regards admiratifs, curieux ou indifférents aussi, 
depuis des siècles;
un jardin,
des enfants qui jouent,
des langues inconnues,
un ciel plus grand que partout ailleurs 
dans cette ville.
 
 

lundi 19 décembre 2016

Kanzéon à Calcutta


 Le Chemin de la Compassion

      Roshi Joan Halifax:
 Tout est dit ici par Halifax Roshi- parfaitement dit. Merci. Lulena


  The Way of Compassion


 Les yeux de Kanzéon voient dans chaque recoin de Calcutta.


 Les oreilles de Kanzéon entendent tous les cris de souffrance, ceux que l'oreille humaine reconnaît et aussi la voix du cèdre et de l'acajou coupés qui tombent, celle de l'esturgeon qui lutte et ne peut plus remonter la Mère Volga pour y déposer ses œufs. 



 



Les mains de Kanzéon se tendent en prenant toutes les formes, les tailles et les couleurs pour aider tous les êtres. Elles agissent à partir de la compréhension et de l'amour.

Kanzéon a 6 têtes, avec lesquelles elle peut percevoir le monde sous toutes ses formes et un millier de bras et de mains pour aider tous ceux qui souffrent. Elle s'est donné au monde, pour être formée par lui selon ses besoins. Toutes ses mains tiennent des instruments efficaces pour agir. 

   

Comme Mère du Monde, elle est au dehors de nous, mais comme notre mère, elle vit aussi à l'intérieur de chacun de nous.

 


En fait elle vit dans chaque chose.  On la trouve partout – dans la pluie qui en tombant nourrit la terre et apaise la chaleur de l'été ; dans l'enfant affamé qui fait naître notre compassion.
Elle est cette partie de nous qui entre en communion avec le monde sans hésiter. Elle entre dans ce corps naturellement et sans peur.




 

« Que la beauté que nous aimons soit ce que nous faisons ; Il y a des centaines de façons de s'agenouiller et d'embrasser la terre » Rûmî.

L'art de la  tendresse aimante est la face de la sagesse dans le quotidien, et la main de la compassion dans les actes ordinaires. 


Cette figure de la sagesse, cette main de la compassion , nous ne les réalisons jamais à nous seuls, mais toujours avec et à travers les autres. 





 



Les Enseignements nous montrent une perspective dans laquelle il n'y a pas d'illumination personnelle, mais un Eveil qui se produit à travers une relation aimante.


Roshi Joan Halifax

The Way of Compassion : Excepts from The Fruitful Darkness by Roshi Joan Halifax
                
                 May my body
                
be a prayerstick 

                 for the world :
   "Listening to the Sound of the World."


Photos: Laurent. Françoise

dimanche 11 décembre 2016

Cadeau de fin d'automne

Le dernier cadeau de l'automne




    C'est vrai, il faut faire quelques efforts pour aimer la fin d'automne, quand les oranges et les rouilles se sont éteints, et que les matins gris s'allongent sans fin ; mais vous en verrez toute la beauté avec quelques accessoires, et un peu de bonne volonté: 


 il vous faut des arbres dépouillés et un amoncellement de feuilles sèches et craquantes à leurs pieds ; un ciel blanc sans limites se déployant au-delà de l'horizon ; des montagnes qui s’effacent dans le lointain. Il faut de la mousse sur de gros rochers, des fleurs de bruyère et des chevreuils bondissant en lisière de forêt, silhouettes gracieuses vite disparues...




       Il faut aussi accepter d'avoir un peu froid aux doigts, mais s'enorgueillir d'une bonne écharpe et d'une paire de bottes en caoutchouc qui fera floc-floc sur les chemins boueux. Sans oublier un pas rêveur, un grand sac pour les châtaignes, et peut-être un bâton qui servira quand le chemin prend la tangente au milieu des pierres et des pommes de pin. 



   Il faut respirer pour se sentir nettoyé jusqu'à l’âme par cette fraîcheur aux reflets bleus qui dessine chaque aiguille de pin, chaque caillou du chemin, chaque minuscule goutte de rosée encore accrochée à l'ombre des fougères. 

   Il faut ce petit vent vif et joyeux qui pénètre les vêtements et fait le ménage dans le cœur, ôtant toutes les couches de paresse et d'indifférences entassées dans l'indolence de l'été.


   Ajoutez-y la tache vive des derniers potirons dans le potager, une pile de bois bien rangée près de la porte de la cuisine, et la promesse d'un gâteau avec les petites pommes rabougries ramassées hier sous le pommier. 

    Les derniers jours d'automne sentent la cannelle et le feu de bois, avec une nuance de vanille. 


    

   Si vous avez de la chance, vous aurez aussi tout au fond de la vallée un petit ruisseau qui court et qui murmure, et s'enroule, tout transparent, autour des pierres polies. Lorsque de longues herbes vertes essaient de le retenir, il s'arrête un instant, devient mystérieux et sombre, avant de repartir, ragaillardi par les pluies d'automne, là-bas, là-bas, plus loin, là où l'entraîne son chant, là où l'appelle la vie ...
   


      Il faut enfin rester immobile, à l'abri d'un chêne, jusqu'à se confondre avec lui et se laisser porter par l 'air et la lumière, jusqu'à sentir pousser ses racines et partager le réconfort et la générosité de la terre; alors peut-être apercevrez-vous le museau pointu et la queue rousse et touffue de Goupil, ou bien le cou tout blanc et les oreilles rondes d'une minuscule belette...
    

     Pour aimer pleinement ces dernières journées d'automne, vous devrez vous laisser absorber par leur lumière : si au printemps elle est douce et pâle comme le duvet sous la gorge de l'oisillon, aujourd'hui le monde est empli d'une lumière blanche et dure qui nous prépare pour le gel, pour le dur, le coupant et l'hiver. Elle refroidit la terre et endort les pierres, s'insinue à travers les sapins, éblouit les ravines: les couleurs de l'automne sont devenues lumière.




    Et, si vous n'avez sous la main ni forêts ni renard ni belette, pas le moindre sapin ni la moindre clairière aux rochers gris; si aucun ruisseau ne se faufile près de chez vous, et s'il y a longtemps que vous n'avez plus ramassé de pommes, consolez-vous ! 

Car, souhaité ou non, l'automne vous fera un dernier cadeau, aujourd'hui ou demain:


Vent d’automne colore les feuilles

Est-ce lui qui a posé sur ma tête

Le premier cheveu blanc...

Soseki



Photos: Françoise, Lulena

dimanche 4 décembre 2016

Jour d'automne : 1Oh, 17h, 22h


1Oh: Charonne, maison



17h: marché d'Aligre



                                  Jours d'automne
- chaque année plus lents,
mais si vite passés.


22h: Bd Richard Lenoir, Bastille

Photos Lulena

mercredi 30 novembre 2016

Tu Fu- chants d'automne,chants du crépuscule






Chant d’automne





Longue guerre civile, misère des campagnes, danger des villes, Tu Fu parcourt la Chine, et porte un regard plein de compassion sur toutes les petites gens qui souffrent, exil, déracinement, enrôlement de force. 

Et il écrit, inlassablement, des poèmes à forme stricte, et dans la plus belle des langues.



Les feuilles se détachent, flétries sous les cristaux de la gelée blanche ;
 

Un vent froid suit la vallée de Vou-chan, soufflant et bruissant dans les arbres.
 

Rapides et agités, les flots toujours croissant du grand fleuve semblent vouloir monter jusqu’au ciel ;
 

les nuages de la montagne s’unissent et se confondent avec les brumes de la prairie.
 

Aujourd’hui fleurissent les chrysanthèmes ; demain les dernières fleurs seront tombées.
 

Je suis comme un frêle bateau qu’une chaîne retient à la rive ; mes pensées reviennent seules vers mon pays.
 

De tout côté je vois tailler des habits chauds pour l’hiver qui s’approche ;
 

J’entends monter de la vallée le bruit des coups que frappent les laveuses, pressées d’accomplir leur tâche avant le rapide déclin du jour.
 

The Great Poets » Chinese Poets » Du Fu » Tu Fu Poems


Il écrit sur la guerre - <http://lulena-zen.blogspot.fr/2014/07/helas-la-guerre.html>.

Il écrit sur les barbares, il écrit sur sa colère, il écrit sur son désespoir:

Face à la neige

Bataille- foule en pleurs de nouveaux spectres
Rongé de deuil vieil homme solitaire
Nuages bas- leur tumulte le soir
Neige dansante folle au gré du vent.
Bol et cuiller au sol coupe non peinte
Le feu dans le foyer rougoie encore.
Routes coupées plus aucune nouvelle
Rongé assis tout droit le livre est vide.





in Ombres de Chine A.Markowicz

Il écrit lorsqu'il trouve un refuge: visite au temple

Le coeur- un monde d'eau de pure essence
Habits mouillés- une pluie de printemps.
Portes franchies je ralentis le pas

La vaste cour est faite pour la paix...

Mais le monde appelle encore:

Quoique l'on doive supporter le joug
Un jour je reviendrai loin du tumulte 
Auprès de vous tout est de neige blanche
Pourquoi dois-je avoir peur de me brûler?

Mais, peut-être, tout doucement, à la fin, le coeur se fait paisible:






 
 Crépuscule
Moutons et vaches rentrent doucement
Les villageois referment la barrière.
Lune et vent froid troublent la nuit limpide.
Loin de chez soi- rivières et collines.
Source naissant d'une falaise obscure

Rosée d'automne sur les touffes d'herbe. 
La tête blanche éclairée par la lampe
Pourquoi la fleur doit-elle autant fleurir? 






 

 in Ombres de Chine A.Markowicz
 Illustrations: Anne, Yvon, Lulena

lundi 21 novembre 2016

Le monde dans mes poches


Je porte le monde dans mes poches...





Je porte le monde dans mes poches.
Quelquefois la gauche, quelquefois la droite.

Et, par moments, les deux sont pleines,
Lourdes, prêtes à craquer.

Puis, certains jours, elles se vident,
Légères comme une pluie d'été.

Elles se remplissent de rien,
Des cailloux, des vieux lacets, des feuilles séchées,

Plein de petites choses, lourdes et bêtes.


Mary Newcomer

j'aime beaucoup toujours ce que fait M.Newcomer...mais je ne suis pas 100% sûre que ce poème-ci soit d'elle...si quelqu'un sait?  Lulena

Photo: Françoise

mardi 15 novembre 2016

Kakis, j'aime les kakis...




 laissés sur l'arbre
deux ou trois kakis mûrs
les nuages défilent

Santoka










 les gakis sont les démons de l'avidité dans le Bouddhisme: ils ont une petite tête, un cou étroit et un corps immense...ils n'arrivent jamais à manger assez, ils sont toujours avides, avides, avides...toujours affamés - de tout- et ne connaissent pas le sens du mot " assez"!

Aujourd'hui, voici la gaki des kakis...

C'est moi!









la cloche du soir
et le bruit des kakis mûrs
qui tombent

Shiki


Encres: Lulena  Haikus: 365 haikus ed.Albin Michel

jeudi 3 novembre 2016

Sentiments d'automne...

Depuis les temps anciens, quand arrive l’automne

On s’afflige sur la solitude;


Pour moi cette journée d’automne est meilleure

Qu’une matinée printanière.


Dans le ciel serein une grue file à travers les nuages

Elle accompagne mon sentiment poétique

Jusqu’aux cieux émeraude.



Liu Yu-hsi 




Poème lu sur: http://encresdumonde.eklablog.com/

Photo Lulena



 



samedi 29 octobre 2016

Des grand pins, un écureuil, et vous...










     




 Fermez les yeux! Ou plutôt non: prenez d'abord le petit chemin qui monte, à travers pierres et broussailles...pas la peine de vous équiper de pied en cap...venez juste comme vous êtes, la montée est accueillante, et ne vous tiendra pas rigueur de votre vieux chandail! 


Voilà, maintenant quittez le sentier et avancez un peu dans la forêt. Vous y êtes? Regardez autour de vous et trouvez une souche d'arbre, ou peut-être un gros caillou à peine moussu et asseyez-vous. On reprend: fermez les yeux. Restez tranquille. Pas la peine de vous agiter, oui, c'est un peu dur, tant pis. N'essayez pas subrepticement de regarder à travers vos paupières mi-closes. Il n'y a personne autour, pas de bêtes féroces, le dernier loup a dû disparaître sans héritier il y a environ deux cents ans, vous n'avez rien à craindre, détendez-vous.



      

Pas facile: vous vous sentez vulnérable; il y a des petits bruits, des chuchotis, des craquements; non, vous avez imaginé ce frôlement, c'est juste une petite branche qui s'incline vers vous...Il vous semble que les grands pins qui semblaient si beaux vus d'en-bas vous encerclent et s'approchent d'un peu   près... Vous pensez: « Qu'est-ce qu'elle me fait faire, là? J'ai l'air stupide! Je ferais mieux de me lever et de trouver une occupation sérieuse... » Mais vous n'osez peut-être pas le dire tout haut, car vous n'êtes pas tout à fait sûr du son de votre voix. Vous haussez les épaules dans un moment d'indépendance ostensible, mais vous restez assis.

      

Rien ne se passe; vous tapez du pied, mais c'est assez décevant: aucun bruit dans les aiguilles de pin humides. Alors, vous prenez votre mal en patience et vous commencez à respirer. Je veux dire à vraiment prendre conscience du fait que tout au long de cette petite scène, et même dans les minutes et les heures qui précèdent, vous avez respiré. 



C'est agréable, cette impression de vous ouvrir à la forêt, de la laisser flotter à l'intérieur de vous-même et vous commencez à distinguer des odeurs que vos pensées agitées vous avaient cachés jusque là.

    


La plus saisissante, la plus reconnaissable: humus; une odeur de feuilles et de terre, de pluie et d'écorce; une odeur qui résonne dans votre mémoire sans pour autant qu'aucun souvenir ne s'y accroche; une odeur noire, profonde comme le son d'une grosse cloche – et flottant juste au-dessus, riche et délicate comme un miel épais, l'odeur des pins et il vous revient en mémoire le goût des jours d'hiver où, enfant, pour faire passer une toux improbable, vous suciez l'un après l'autre de petits bonbons orangés en forme de pomme de pin. Un petit soupir amusé devant ce souvenir, et ding! quelque chose vous a frappé au front, vous en êtes sûr, vous faites un bond...

     


 Vous ouvrez les yeux: là-haut, dans les branches fines, il y a un écureuil qui  s'impatiente de vous voir planté là, et s'apprête à lancer une deuxième noisette...Vous riez et, vexé, en râlant « Chirp, chirp, chirp » il gagne son refuge. 
Vous continuez à respirer, sentant sur votre visage, à travers le soleil, la coupante légèreté de l'air comme un son légèrement aigu, contrepoint au murmure incessant des pins. 

Vous soupirez encore, d'aise cette fois. Vous n'avez plus envie de bouger. 




Vous découvrez une part de vous-même qui est arbre, qui est ciel, qui est terre. 

Vous êtes feuille, et  nuage et racine. 

Vous êtes en paix avec vous et avec le monde.

C'est l'automne, et vous êtes prêt à l'accueillir. 






Lulena La Vie les Essentiels

Photos: Lulena. + 1

mardi 25 octobre 2016

Première neige


Déjà! à la regarder
j'ai froid aux pieds...
Première neige 

Lulena

Photo: Yvon 13 octobre

jeudi 13 octobre 2016

Un autre automne





あき

AKI: Automne



 
 

Bright red,
the sun shining without mercy –
wind of the autumn

japancalligraphy   autumn3

Le Rouge 
                     The leaves of ivy –
all of them quiver
in the autumn wind
– Kakei (17th-18th century)
(Translated by  Hoshino Tsunehiko and Adrian Pinnington
 
Les feuilles du lierre
                 - toutes elles tremblent
                 dans le vent d'automne. 

discoverjapannow.wordpress.com



 
HAIKU – TEARDROPS OF SILENCE

In Autumn’s darkness
Raindrops glistening on leaves
Teardrops of silence
 
Dans l'obscurité de l'automne
les gouttes de pluie glissent sur les feuilles
Larmes du silence  
   T.J Grén
 
 

Jeune fille dans les bois d'automne
she ascends stone steps brightly strewn with gold red leaves her spirit lifting she swirls to silence for an audience of trees in sunlight streaming in her amber eyes is the rapture of autumn . . . this girl is golden for the Autumn Haiku Poetry Contest of Laura Loo
 Andrea Dietrich
http://www.poetrysoup.com/poems/about/haiku_autumn_poems









 

Tree Silhouette-- 

shimmering tree
they're no footsteps around       
but fallen leaves 

**
afternoon twilight
heaven is listening
peaceful lonesomeness
  
**
Autumn waits 
The wind blows the mind   
leaves falling softl

By:PD 
http://www.poetrysoup.com/poems/about/haiku_autumn_poems






Graines brunes des mimosas
là ou les fleurs autrefois
invitaient les colibris 
à se régaler.
Ethel Freeman 

  Une  rafale et
la dernière feuille décide :
partie  
Robert Henry Poulin


//viewonbuddhism.org/zen/zen_poems.html

澁かろか
知らぬど柿の
初ちぎり
   

Sera-t-il âpre ?
je l’ignore encore
le premier kaki cueilli
   

shibukaro ka
shiranu do kaki no
hatsu chigiri
初雁や
よいよながき
夜にかはり
   
Les premières oies sauvages
les nuits
sont de plus en plus longues
   
hatsu kari ya
yoiyo nagai
yonikahari
売られても
秋をわすねぬ
鶉哉
   

Même en vente au marché
elles n’oublient pas l’automne
les cailles
   
uraretemo
aki o wasunenu
uzura kana








                                      book of poems


       on each page fingerprints
                 of a soul


             
            livre de poèmes

            sur chaque page
      les empreintes de doigts
               d'une âme 
  
Jane Reichhold   "A Dictionnary of Haikus"   http://chevrefeuillescarpediem.blogspot.fr/









Merci à Françoise pour cette superbe photo de jardin sous la pluie.
Autres: Lulena

La fin d'un blog

     Impermanence et changement...    pas facile parfois... la fin de ce blog depuis avril 2012, pour moi, un espace de liberté, un espace d...